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Bruxelles : le prix du titre-service passera de 9 à 10 euros en 2023 mais au profit de qui ?

Le titre-service est passé de 7,5 euros à 9 euros. Il passera à 10 euros en 2023.

© Belga

En Région bruxelloise, le montant d’un titre-service va passer de 9 à 10 euros dès janvier prochain ! Ce prix montera même à 12 euros pour les gros consommateurs. C’est le résultat d’une décision prise ce jeudi en première lecture par le gouvernement régional qui a approuvé la réforme de ce secteur après plusieurs semaines de discussions.

Un secteur qui concerne 27.000 travailleuses et 112.000 ménages bruxellois. Chaque mois, ceux-ci utilisent des titres-services pour rémunérer une personne qui va effectuer le nettoyage, la lessive, le repassage ou encore la préparation d’un repas.

Que prévoit le texte à partir du 1er janvier 2023 ? L’utilisateur ou l’utilisatrice pourra toujours commander 500 titres-services par an. Les 300 premiers coûteront 10 euros et non plus 9 euros. Le montant des 200 suivants passera à 12 euros. On le rappelle : le montant du titre-service n’avait plus évolué depuis 2014


 

Bernard Clerfayt " l’usager ne paie qu’un tiers du prix des titres-services, il était normal de les augmenter "

Cette hausse n’est pas vraiment une surprise. Pour le ministre de l’Emploi Bernard Clerfayt (DéFi), elle est même logique : "l’usager l’ignore peut-être mais chaque titre-service qu’il achète est financé à 65% par la région. Autrement dit, quand il achète un titre 9 euros, la Région paie le double, 17,5 euros pour être précis et cela pourrait même atteindre 19 euros en 2023. En 2016, l’intervention régionale se limitait à 13 euros. Depuis lors, le prix payé par l’usager n’a plus évolué alors que les salaires versés aux aides ménagères ont été indexés, de même que les cotisations sociales. Cela représente une augmentation de 35% pour la Région qui y consacre 250 millions d’euros par an (budget 2023 en hausse de 13 millions). Il était donc normal que les pouvoirs publics ne soient pas les seuls à supporter les augmentations successives au risque de mettre le système en danger."

Assurer la pérennité du système

Cette hausse ne suit d’ailleurs pas totalement l’inflation. Bernard Clerfayt confirme "si nous avions appliqué une indexation complète, le titre-service coûterait 11 euros mais nous avons estimé qu’il ne fallait pas dépasser le seuil psychologique de 10 euros pour ne pas effrayer les usagers et au final pénaliser les aides ménagères qui auraient perdu une partie de leurs heures de travail."

"Je pense que nous avons trouvé le juste équilibre afin d’assurer la pérennité du système, maintenir l’emploi, éviter le recours au travail au noir et améliorer encore les conditions d’emploi d’un métier qui reste pénible et qui est peu rémunéré."

Le patron d’une société de titres-services " j’espère que cela ne va pas freiner nos clients"

Comment les sociétés de titres-services réagissent-elles à l’annonce de cette augmentation de prix ? Gatien Laloux dirige l’agence XLG, à la fois présente à Bruxelles et en Wallonie : "honnêtement, ça ne change rien pour nous ni pour nos travailleuses qui ne gagneront pas un centime de plus mais cela nous rassure de voir que le gouvernement se préoccupe de la santé du système et qu’il entend bien le garantir. Et franchement, même si la crise actuelle fragilise les ménages, je trouve normal qu’ils participent davantage au financement d’un système largement supporté par les pouvoirs publics. Même à 10 euros de l’heure, cela reste bon marché. Si on en revenait au travail au noir, je ne suis pas sûr qu’on trouverait beaucoup de candidates pour travailler à ce prix-là. Une aide ménagère qui débute touche 12,59 euros bruts/heure et après trois ans 13,37 euros/heure et elle bénéficie d’une protection sociale et d’une pension."

"Par contre, ce qui pourrait m’inquiéter, c’est une diminution du recours aux titres-services. Déjà touchés par l’inflation, les ménages pourraient estimer que l’augmentation de prix est une charge supplémentaire et donc diminuer le nombre de titres achetés. Ça, c’est certainement une source d’anxiété pour nos travailleuses dont certaines ont vraiment besoin de toutes leurs heures pour boucler leurs fins de mois."

Les aides ménagères ne gagneront pas plus mais elles seront mieux protégées

Si l’augmentation du prix des titres-services ne profitera pas directement aux aides ménagères, elles en bénéficieront tout de même indirectement. Bernard Clerfayt l’explique : "l’argent récolté par l’augmentation du prix sera en partie redistribué via diverses mesures visant à améliorer l’encadrement des femmes et des hommes qui travaillent dans ce secteur. 5 millions y seront consacrés. On va notamment renforcer les contrôles des sociétés de titres-services pour qu’elles assurent une meilleure protection de leurs employées contre le harcèlement au travail. On pourra par exemple exclure un client irrespectueux ou violent. On va aussi donner des moyens supplémentaires pour la formation des aides ménagères afin qu’elles apprennent les gestes qui préservent leur santé, car c’est un métier éprouvant pour les organismes. On table sur minimum 10 heures par an. Formation aussi pour se diversifier, par exemple après 50 ans afin de remplacer des heures de terrain par du tutorat."

Des visites à domiciles seront aussi imposées avant la conclusion d’un contrat. "Le but sera de vérifier que la commande d’un certain nombre d’heures correspond à la réalité afin d’éviter une pression trop grande. Il faudra aussi que les sociétés proposent une convention aux nouveaux usagers afin de définir les droits et devoirs de chaque partie. Tout cela nécessite une modification de la législation régionale, il faudra donc passer par le parlement mais c’est prévu en 2023. Bruxelles sera alors à la pointe en matière de protection des aides ménagères."

Rappelons effectivement que tout ceci ne concerne que la région bruxelloise. Le secteur des titres services étant régionalisé, la Wallonie et la Flandre ont leurs propres politiques et tarification. On n’y parle pas d’augmentation de prix pour l’instant.

Sur le même sujet : Extrait de 'On n’est pas des pigeons' (20/04/2022)

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