Il y a cinq ans, le 22 mars 2016, deux attentats allaient secouer Bruxelles, deux explosions simultanées à l’aéroport de Zaventem à 7h58 et une autre, dans une rame de métro à la station Maelbeek, à 9h11. Les bombes allaient provoquer la mort de 32 personnes – en plus des kamikazes, en blesser 340 autres et marquer un pays tout entier. Les attentats, revendiqués par l’organisation terroriste État islamique, allaient aussi traumatiser la communauté musulmane.
Dévisagés et stigmatisés
Attablées au centre communautaire du quartier maritime à Bruxelles, ces mamans voilées se souviennent des jours qui ont suivi les attentats de mars 2016 :
"A la télévision, à la radio, du matin au soir, on n’entend que ça : 'des musulmans, des musulmans, des musulmans'. Ce qui me blesse, c’est le regard des gens. On vous regarde de haut en bas comme si vous étiez une terroriste". Une autre surenchérit : "Dans la rue, dans le bus, parfois même on change de place".
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Un éducateur du centre s’invite dans la conversation, il témoigne lui aussi de ses souvenirs :"La communauté s’est sentie stigmatisée. Elle ne se sentait plus en sécurité. Il y a eu des attaques au couteau sur des femmes qui allaient chercher leurs enfants à l’école".
Virginie Leblicq exerce son métier de psychologue dans un centre pour familles de Saint-Josse. Parmi sa patientèle, elle compte de nombreux hommes et femmes de confession musulmane. Elle décrit chez eux une peur double au lendemain des attaques de Maelbeek et Zaventem. "J’avais des patients qui n’osaient même plus sortir de chez eux, confie-t-elle. Parce qu’en plus des terroristes, ils craignaient aussi de se faire agresser par quelqu’un qui déteste les musulmans. Il y avait vraiment une double peur".