Les habitants du squat organisé du 123 Rue Royale ont définitivement quitté les lieux. Cela faisait 11 ans qu'une soixantaine de personnes logeaient dans ce grand immeuble du centre de Bruxelles. Leur convention d'occupation précaire leur permettait de rester presque gratuitement dans ce bâtiment vide. Mais l'immeuble de sept étages a fini par être vendu et les derniers habitants ont du rendre leurs clés mercredi à 17h.
"Il y a énormément de choses qui se sont passées ici," souligne Reginald de Potesta, secrétaire de l'association 123 logements. "Tout d'abord, on parle de onze ans de lutte pour le droit au logement. Et puis ici, il y avait aussi beaucoup d'ateliers culture, yoga, musique... on organisé de nombreuses fêtes, des concerts qui ont marqué la jeunesse bruxelloise".
"Une page se tourne", ajoute-t-il, "mais il faut aller de l'avant."
Dans la cage d'escalier décorée de graffitis, les habitants se croisent une dernière fois. "Une partie de moi part dans ces cartons, une autre reste ici dans cet immeuble", explique Sophke. "Il faut dire que j'ai eu un bébé ici," ajoute-t-elle.
J'ai passé toute mon enfance/adolescence dans ce bâtiment
Victor, 21 ans, est arrivé au 123 Rue Royale étant enfant. Onze ans plus tard, il doit faire ses adieux au bâtiment. "J'ai passé toute mon enfance/adolescence dans ce bâtiment. Ca fait quelque chose de voir tout le monde partir, de ne plus entendre personne dans les couloirs", explique-t-il.
Contrairement à la majorité des autres habitants, lui n'habitera plus sous convention d'occupation précaire. Il a fait le choix d'une colocation avec un bail normal. "J'avais besoin d'une certaine stabilité. Passer d'occupation en occupation demande beaucoup d'énergie. J'avais besoin de me concentrer sur mes études." Il ajoute cependant: "Mais je reste administrateur de l'ASBL".
L'immense bâtiment de 5000 m2 doit être transformé en 135 logements étudiants.