Aux alentours de 1565, dans nos régions, le climat subit des changements importants : une légère baisse des températures moyennes, des hivers très longs et très froids, alors que les printemps et les étés sont peu lumineux, frais et humides. On fait face à des tempêtes, des inondations sévères ou à des épisodes de sécheresse.
C’est dans ce contexte que Pieter Bruegel dit l’Ancien va inscrire son art et offrir à la Renaissance flamande quelques-uns de ses plus grands chefs-d’œuvre. Certains, précisément, décrivent des paysages d’hiver.
Bruegel a-t-il voulu témoigner de leur rudesse ?
Peut-on voir dans ces scènes des témoignages historiques
du climat du XVIe siècle ?
Sabine Van Sprang, historienne de l’art, conservatrice aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, est l'auteure, avec Tine Luk Meganck, de Bruegel et l’hiver, aux Editions du Fonds Mercator.
Bruegel, peintre naturaliste
Bruegel l'Ancien a vécu à Anvers et Bruxelles, ces deux grandes métropoles brabançonnes très riches du XVIe s. Ses tableaux illustrent le siècle. Il incarne aux yeux des chercheurs le peintre des citadins. Les historiens voient la dimension extrêmement réaliste de son oeuvre, tandis que les historiens d'art ont tendance à avoir une lecture moins réaliste, plus symbolique.
Beaucoup ont cru que Bruegel rendait compte non seulement des bouleversements climatiques mais aussi des troubles qui secouaient nos régions dans ces années-là.
Les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique possèdent deux paysages d'hiver de l'artiste.
L'un, Paysage d'hiver avec des patineurs et une trappe pour oiseaux, a été peint en 1565. L'hiver 1564-1565 a été particulièrement rigoureux, au beau milieu du petit âge glaciaire, les témoignages écrits sont unanimes à cet égard.