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Brésil : un mois après l'assaut sur Brasilia, les partisans de Bolsonaro refusent toujours d’accepter leur défaite

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Par Jean-François Herbecq avec Fanny Lothaire et Perrine Juan

Au Brésil, le 8 janvier dernier, une semaine à peine après l’investiture du président de gauche Luis Inacio Lula Da Silva, les institutions démocratiques du pays étaient victimes de l’attaque la plus grave à leur encontre depuis la fin de la dictature militaire dans le pays.

Des centaines de milliers de partisans les plus radicaux de l’ex-président d’extrême droite, qui refusent toujours d’accepter sa défaite envahissent le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, dans ce qui semble être une tentative désespérée de coup d’État. Ils campaient depuis des mois devant le quartier général de l’armée à Brasilia et dans plusieurs autres grandes villes brésiliennes, implorant leur aide.

Qui sont-ils ? Comment de vastes campagnes de désinformations sur les réseaux sociaux les ont poussés à envahir les plus hautes instances démocratiques ? Reportage à Brasilia.

Recherchés pour terrorisme

Aux abords de la place des Trois pouvoirs où s’est déroulée l’invasion des institutions démocratiques, Beto Rossi, chauffeur de taxi du sud du pays raconte : il campait devant le QG de l’armée à Brasilia depuis deux mois. "J’ai fait partie de cette action le 8 janvier. J’ai fait un live à l’intérieur du palais présidentiel du Planalto."

Il est recherché depuis le 8 janvier pour actes terroristes. S’il accepte de répondre à visage découvert c’est parce que 24 heures après notre tournage, il s’est envolé vers un pays voisin. Pour notre rendez-vous, aucune adresse n’a été donnée à l’avance. Nous le retrouvons dans un lieu à la sortie de la ville. "J’étais sous adrénaline. On a suivi le mouvement, nous avons suivi ces gens qui s’étaient réunis mais je n’ai rien détruit, je n’ai rien touché. L’armée nous a trahis et s’est vendue à Lula ce jour-là…"

Avec ses compatriotes il rêvait d’une intervention de l’armée qui ne sera jamais arrivée… Convaincu que son pays vit un coup d’État communiste, Beto ne se voit revenir qu’en cas de départ de Lula : "Nous parviendrons à obtenir l’impeachment du voleur, et ensuite nous irons chercher (Geraldo) Alckmin, le vice-président, qui est encore pire. "

Tout comme Beto, 449 nouvelles personnes ont été inculpées les attaques du 8 janvier. Juan fervent défenseur de Bolsonaro, est également recherché pour terrorisme, lui aussi quitté le pays le lendemain de notre rencontre. Le 8 janvier, il a filmé toute l’invasion en direct : "J’ai reçu de nombreuses menaces… Les gens me menaçaient et disaient que je serai emprisonné, que j’allais payer pour ça."

Joao assure que ses amis n’ont rien détruit sur place et que ce sont des infiltrés de gauche qui ont en réalité tout cassé : "Quand la casse a commencé, nous étions encore à la gare. Et la casse avait déjà commencé à l’intérieur."

Complotisme et réseaux sociaux

Des théories complotistes auxquelles cette jeune femme ne croit pas : Luisa est une fille de manifestante pro-Bolsonaro. Si Luisa ne veut pas montrer son visage c’est parce que sa mère la menace de la jeter à la rue. Le 8 janvier dernier, elle s’est rendue sur place pour l’empêcher de participer à l’assaut… Sans succès : "J’ai eu très peur".

Sa mère ne s’informait que via les réseaux sociaux bolsonaristes : "Elle voulait vendre notre maison car selon elle le gouvernement allait saisir son appartement pour mettre plein de gens à l’intérieur. C’est une secte, un véritable lavage de cerveau. Ces gens profitent du désespoir des autres."

1406 personnes originaires de 25 États différents sont actuellement détenues. Des milliers d’autres sont encore recherchées, manifestants, organisateurs, mais aussi les forces de l’ordre soupçonnées de connivence.

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