"Bouche Cousue" aborde le sujet dur de la violence au sein de nombreuses familles. En laissant la parole à différentes victimes ainsi qu’à un juge des enfants, le documentaire de Karine Dusfour pose le regard sur les conséquences de pareille brutalité.
Le chiffre laisse pantois : le juge du tribunal de Bobigny, au sein de "Bouche Cousue", suit 536 enfants en protection de l’enfance par an. Cela permet à peine d’imaginer les cas recensés en la matière et les traumatismes qu’il reste quand les enfants souffrent de violences au sein de leur famille. Parmi ces victimes encore marquées, il y a Céline. Elle a reçu ses premiers coups de ceinture car son père voulait en faire une grande pianiste depuis sa petite enfance, au point de la punir à chaque erreur. Au fur et à mesure du temps, les violences vont augmenter à un rythme soutenu : elle est frappée quand elle joue mal, se retrouve privée de nourriture ou à la manger entièrement mélangée sous prétexte qu’elle "joue de la bouillie". Le tout s’est fait de manière instituée :
Mon père a toujours eu une violence très contrôlée. Il n’y a jamais eu de cris chez nous. Jamais. Dès l’âge de 4 ans, j’ai été conditionnée. C’est un peu un réflexe pavlovien de faire une faute, de se lever, de se déshabiller, de se pencher sur le bureau et de recevoir des coups de ceinture.