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Boris Johnson : une enquête ouverte après des accusations d’islamophobie au sein de son parti

Le Premier ministre Britannique Boris Johnson, le 12 janvier dernier à Londres.

© AFP et Belga

Par Lisa Rouby avec AFP

Enième scandale pour Boris Johnson, qui lutte actuellement pour sauver sa peau après l’embarras des fêtes tenues à Downing Street pendant le confinement. Désormais, ce sont des accusations d’islamophobie au sein de son propre parti qui font trembler le Premier ministre.

L’affaire

Nusrat Ghani, ancienne ministre du gouvernement de Boris Johnson, a confié au Sunday Times avoir été limogée lors d’un remaniement il y a deux ans, en raison de sa religion musulmane. En effet, un cadre du parti lui aurait affirmé en février 2020 que "ses origines et sa foi" avaient joué un rôle important dans son éviction.

Une femme musulmane au gouvernement mettait mes collègues mal à l’aise

"On m’a dit que lors de la réunion de remaniement à Downing Street, ma 'foi musulmane' avait été soulevée comme 'un problème', qu’une femme musulmane au gouvernement mettait mes collègues mal à l’aise et qu’on craignait que je ne sois 'pas loyale envers le parti car je n’en faisais pas assez pour le défendre contre les allégations d’islamophobie'", a-t-elle déclaré.

A l’époque, on la presse toutefois de ne pas parler de ces révélations publiquement, au risque de voir sa "carrière et sa réputation détruites". Craignant d’être ostracisée par ses collègues, elle garde alors le silence. "C’était comme un coup de poing dans l’estomac. Je me suis sentie humiliée et impuissante."

Un parti déjà visé par des plaintes

Ce n’est pas la première fois que le parti Conservateur est accusé d’islamophobie.

La baronne Sayeeda Warsi est la première femme musulmane à avoir travaillé pour le cabinet de l’ancien Premier ministre conservateur David Cameron. Elle a démissionné en 2014. Comme elle l’a expliqué au Business Insider, l’islamophobie est présente "jusqu’au plus haut niveau" du parti conservateur.


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"C’est très répandu (dans le parti Conservateur). En partant des gens les plus ordinaires, jusqu’au plus haut niveau", déclarait-elle.

La Baronne Sayeeda Warsi le 2 décembre 2014 à Manama, capitale du Bahreïn.
La Baronne Sayeeda Warsi le 2 décembre 2014 à Manama, capitale du Bahreïn. © Tous droits réservés

A présent, Warsi estime que l’islamophobie est désormais "très répandue" au sein du parti, mais est délibérément ignorée pour des raisons électorales.

"On ne pense qu’à ce qui va nous gagner la prochaine élection, et si critiquer la communauté musulmane nous permet de gagner, alors peu importe", affirme-t-elle.

En 2021, un rapport concluait que "le sentiment anti-musulman demeurait un problème au sein du parti", faisant face à un problème d’islamophobie au niveau local ou individuel mais pas "institutionnel".

"L’Islam est le problème"

Pour l’actuel Premier ministre, ces accusations résonnent personnellement. En effet, il est connu pour avoir tenu des propos islamophobes à de nombreuses reprises.

En 2005, à la suite des attentats de Londres, il écrivait déjà que la peur de l’Islam était une "réaction normale", incitant les Britanniques à accepter que "l’Islam est le problème". Il est même allé jusqu’à qualifier l’Islam de "la plus vicieusement sectaire de toutes les religions dans son hostilité envers les non-croyants".

Des années après et alors ministre des Affaires étrangères en 2018, Boris Johnson avait été fortement critiqué pour avoir rédigé un article dans lequel il comparait les musulmanes portant le voile intégral à des "boîtes aux lettres" ou encore des "voleurs de banque".

Après les accusations de Nusrat Ghani, il a annoncé l’ouverture d’une enquête.

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