Hainaut

"Bons pour l’asile", une expo interpellante au CAL Charleroi

Internement : un homme dans une rue de Paris, 1954

© Jean-Philippe CHARBONNIER/GAMMA RAPHO

Par Christine Borowiak

Une expo photo particulièrement interpellante est visible en ce moment au CAL, le Centre d’Action Laïque de Charleroi. Baptisée "Bons pour l’asile", elle présente une cinquantaine de photos en noir et blanc, réalisées par le photographe Jean-Philippe Charbonnier dans des hôpitaux psychiatriques en France dans les années 50. On y voit des hommes et femmes souffrant de problèmes mentaux divers, ainsi que la façon dont on les soigne. L’occasion pour le Cal de s’interroger sur la maladie mentale et la place qu’on laisse à la différence dans notre société. Adrien Sacchi est l’organisateur de cette exposition.

"Cette exposition fait partie des nouvelles missions qui sont attribuées au Centre d’action laïque :  promouvoir une diversité, défendre les singularités dans une société normative. Ce qu’on veut mettre en avant par notre traitement des troubles psychologiques, c'est que chacun a droit à sa singularité . Via cette exposition, nous posons la question de jusqu’à quel degré est-on acceptable dans notre société, et à quel moment doit-on en être exclu. Est ce qu’il faut nécessairement séparer les personnes différentes ou est ce qu’il faut au contraire les intégrer en adaptant la société à leurs besoins ?"

Ne pas sombrer dans un extrême

Cette thématique de la différence, de la singularité et de son acceptation sociale est résolument actuelle, affirme Adrien Sacchi.

"C’est une thématique très actuelle : laisser une place à un juste milieu, ne pas sombrer dans un extrême ou un autre et surtout lutter contre une bipolarisation de la société. Ces photos des années 50 interpellent par le traitement qui est réalisé sur les personnes mentalement malades. Les choses n’ont pas tellement changé aujourd’hui : on les assomme de médicaments. Quand la personne est en souffrance, on ne l’accompagne pas. On fait en sorte que cette souffrance ne déborde pas sur son entourage et la société, mais la personne reste seule avec ses problèmes qui ne sont certainement pas soigné avec des médicaments. Nous luttons contre une approche médicamenteuse des troubles psychologiques."

"C’est une réflexion très ciblée ici car les troubles psychologiques sont toujours un sujet délicat. Mais il suffit de regarder ces photos pour voir le contraste entre la souffrance des personnes et une énorme humanité qu’on voit à travers le regard des patients grâce au travail extraordinaire du photographe. Que ce soit dans leur façon de souffrir ou leur façon de vivre leur quotidien, on ne peut pas passer à côté des émotions qui s’expriment."

"Bons pour l’asile" est visible jusqu’au 26 février au Centre d’action laïque de Charleroi. Sachez que le samedi, un accompagnant se tient gratuitement à la disposition des visiteurs pour leur commenter les photos.
 

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