Football

Bon pied, Beloeil, vraiment ?

Beloeil monte en D3

© Facebook - Beloeil

Par Philippe Bughin

C’est le premier champion belge de foot, équipe A masculine, de la saison : la RUS Beloeil, invaincue dans son championnat a fêté le titre de la P1 hennuyère et un retour en série nationale, dimanche. Dans la foulée, la direction s’est fracturée pour une histoire de sélection et de budget.

Bon pied bon œil, c’est une expression, datant du Moyen-Age signifiant avoir l’air en bonne santé, être vif. Au soir de la fête pour la montée en D3 acff, pour beaucoup d’observateurs extérieurs, en modifiant un peu l’adage, il caractérisait bien la belle saison des Jaune et Rouge, nés d’une fusion entre Quevaucamps et Basècles voici une vingtaine d’années, footballeurs d’un club familial, situé entre Mons et Tournai. Imaginez un peu : l’équipe première possède 17 points d’avance sur son second, à cinq rencontres de la ligne d’arrivée.

Elle n’a perdu des unités que face à Péruwelz (deux nuls), Soignies et le PAC Buzet. Aucune défaite, aucun match vraiment très compliqué, rien que des sorties séduisantes et productives à l’image de ces victoires 11-0 et 0-8 face au Roeulx, une formation qui peut toujours se maintenir. En 2023, en championnat, Beloeil reste sur neuf victoires d’affilée et un partage, celui de ce récent dimanche face à Péruwelz (0-0), un nul tout de même synonyme de succès puisqu’il s’avéra être le point du titre, le second, Molenbaix ayant, dans le même temps aussi été tenu en échec. Seule petite tâche dans le tableau de marche, l’élimination en coupe de la Province, début février des œuvres de Estaimbourg, 4-2. Anecdotique, si l’on s’en réfère aux propos du manager sportif Christophe Debaisieux dans la mesure où cette compétition avait clairement été considérée comme secondaire vu le calendrier qu’elle engendrait. Beloeil 2022-2023, c’est ou… c’était un noyau construit pour être compétitif même en D3 acff. Outre le titre de l’élite hennuyère glané haut la main, l’équipe de l’ancien pro international marocain Chemcedine El Araichi avait déjà éliminé le RCS Brainois (D3) en coupe de Belgique en avant saison, avant d’être sorti au RFC Meux (D2 acff) le 7 août 2022.

Melvin Renquin, ex-Liège, Raal et RFB, proche des 40 buts !

Merlvin Renquin
Merlvin Renquin © Facebook

Dans le onze type, rien que des joueurs passés par les séries nationales comme notamment le gardien Thomas Willocq, qui fut notamment pro à Zulte Waregem, les ex-Montois Mathieu Garcia-Rondon, Lorenzo Lai, Adrien Leclercq, Alan Lerique, le Symphorinois Melvin Romano, les Alessio Petta, Mourad El Araichi et Sasha Henry, venus de Tertre-Hautrage, les frères Gilles et Simon Wantiez (ex-Roulers) mais aussi Lorenzo Lai et Melvin Renquin, ex-RFB, La Louvière et RFC Liège. Ce dernier, attaquant français de 25 ans a, jusqu’alors inscrit 38 des presque 90 buts comptabilisés par son équipe dans les compétitions officielles de la saison. Bien sûr, à côté de l’expérience, quelques jeunes du cru comme Arthur Delepine et Hugo Flammia apportent également des satisfactions ou encore un Ronald Beugnies, le fils de Franz, footballeur à Mons par le passé, et sans oublier Antoine Fretin, formé à Mons et Tubize, victime d’une fracture tibia-péroné lors du match aller à Péruwelz.

Avec Lorenzo Lai, opéré du ménisque, Antoine a été le seul blessé sérieux de la saison, preuve aussi que ce beau monde a été bien géré par le staff sportif mis en place autour de Chemcedine El Araichi. Ces dernières semaines, voyant le sacre se pointer et dans l’optique de stabiliser autrement la RUS à l’échelon national, après l’épisode de la promotion A peu avant les années 2010, Christophe Debaisieux, l’entraîneur et le comité avaient déjà bien avancé dans la prochaine campagne des transferts. Un gardien avait signé, tandis que les négociations étaient en cours avec un numéro dix, flanc offensif, un six et un flanc gauche. De son côté, le Tertrois Mathieu Garcia-Rendon venait d’annoncer sa fin de carrière et Melvin Renquin doit-devait encore prolonger. Bref, tout roulait, avançait bien, dans le meilleur des mondes en ce début de semaine sur place si un petit cataclysme n’était pas arrivé au lendemain du sacre ! Lundi, vers 16h, l’incontournable manager sportif Christophe Debaisieux annonçait sa démission, l’entraîneur Chemcedine El Araichi faisait part, en aparté son intention de faire la même chose, mais réservant l’officialisation de cette décision devant ses joueurs ce mardi soir à 19h30, et nul doute que beaucoup, venus pour et avec l’entraîneur seront aussi sur le départ dans les prochaines heures.

" Martial Flammia est têtu, ce qui arrive est irréversible… "

Christophe Debaisieux
Christophe Debaisieux © Facebook

Mais que s’est-il donc passé en coulisses ? Au départ, Christophe Debaisieux, le manager sportif, patron d’une entreprise active dans la décoration, la peinture et le nettoyage industriel se contentait de parler de divergence sportive.

Ce matin, avec un peu de recul et franchise, il nous a donné sa version des faits. " Le souci ne date pas de ces dernières heures. Il couvait depuis de nombreuses semaines. Et même depuis plus longtemps, puisque notre ancien coach, Sébastien Terlin a aussi, en partie passé le relais pressentant déjà ce genre de souci. Martial Flammia, notre président, patron d’une société fiduciaire de Quevaucamps qui amène, je dirais de l’ordre de 40% du budget de l’équipe fanion exige que son fils Hugo, 17 ans soit titulaire au poste d’attaquant dès la saison à venir. Cette saison, celui-ci disputait des bouts de matches et poursuivait son écolage. Une majorité des comitards, du staff sportif pensons toujours qu’il n’est pas encore prêt pour endosser ce rôle-là, surtout à ce niveau-là. Dans ma conception des choses, si un dirigeant impose au staff sportif un ou des joueurs, nous sortons de notre fonction. On peut donner un avis, en discuter, jamais imposer. J’ai maintes fois parlé de cette façon de voir les choses avec le président, mais Martial est têtu. J’ose dire que cela déborde le cadre sportif puisqu’il a promis à son épouse, souffrante qu’il en serait ainsi avec leur fils. Faire marche arrière, revoir les choses autrement, le président ne le fera pas. Il a préféré parler de souci financier, de lancer davantage de jeunes lors d’interviews radios ce mardi pour expliquer mon départ, mais il sait bien que ce n’est pas cela du tout. De mon côté, je ne suis pas contre l’idée de rajeunir les cadres, mais les jeunes qui évoluaient en P3 cette saison n’ont glané que neuf petites unités. Il faut les laisser grandir, arriver progressivement. Le président veut se contenter d’une équipe espoirs l’an prochain et abandonner l’équipe B ainsi que les U19. Mais un fossé va se creuser. M.Flammia a dit que ce n’était pas un souci pour lui de trouver d’autres dirigeants et joueur. J’imagine que ce qui arrive est irréversible. C’est triste car Beloeil, c’était mon bébé. J’y ai été joueur et un dirigeant travailleur. Dans l’intervalle, deux autres membres de l’asbl de gestion ont démissionné, partageant ma conception. Le président d’honneur de Beloeil, Pierre Laurent et moi, avec d’autres, nous rassemblions 60% du budget nécessaire au fonctionnement de l’équipe fanion. Nous en resterons là. J’ai reçu des centaines de messages, de coups de fil depuis hier. J’ai été contacté par deux groupes politiques de la commune, et j’ai une personne influente qui m’a proposé de lancer une pétition pour que M.Flammia revoit sa position Je ne veux pas en arriver à cela. En même temps, je me mets à la place du jeune Hugo, qui vit tout cela. Quelle pression sur ses jeunes épaules ! Je reste son premier supporter, je n’ai aucune animosité à l’égard de son papa. Le président a fait son choix, je sais qu’il l’assume, je lui souhaite plein succès. Comme à un club qui restera toujours dans mon cœur. En quelques heures, j’ai été sondé par cinq décideurs d’autres entités. J’ai besoin de recul face à la tornade. J’ai une vie de famille à enrichir. J’ai deux enfants, dont un de douze ans qui aime le foot. Pourtant, mon épouse et moi, nous ne voulions pas l’affilier à Beloeil pour ne pas se retrouver confronté à une situation du genre".

" Conserver cette politique sportive et financière, c’est aller dans le mur "

Martial Flammia
Martial Flammia © Facebook

Martial Flammia a un regard différent à propos de la situation actuelle. Primo, la RUS, qui, selon lui pourrait jouer les premières places en D3 acff avec un peu de physique en plus, n’a pas pour objectif immédiat de gravir les échelons en série nationale. Le maintien, cela suffirait à son bonheur puisqu’il table sur un total de 40-45 unités à ce niveau.

L’objectif, c’est d’intégrer quelques jeunes promesses comme son fils, qui a les qualités, mais aussi des Arthur Delepine, Ligny Lepineux, Mattéo Déreumaux et dans six mois un Clément Vermeersch, autre pépite du club. " Je vais voir les entraînements tous les jours. Je suis bien placé pour me rendre compte de leur progression. Je suis le président de tout un club et pas seulement d’une équipe A. Je dois donner des perspectives aux parents. Notre budget de cette saison ? C’était un one shot pour nous faire arriver en nationale. J’avais envie de prévenir les joueurs depuis un certain temps qu’on ne pourrait plus vivre de cette façon d’autres saisons, mais le manager sportif et d’autres m’ont demandé de patienter pour ne pas entraver notre course vers les lauriers. En 2023-2024, on travaillera avec une enveloppe équipe A qui ne dépassera pas les 40% de celle de cette année. J’ai eu une discussion avec l’entraîneur Chemcedine, qui est un garçon de qualité et d’avenir. Je lui ai fait comprendre qu’il n’obtiendrait plus qu’un tiers en brut de son contrat actuel. Au club, on m’appelle Picsou. Je suis comptable et s’il y a un trou, qui l’assumera ? Je ne veux pas me disputer avec Christophe Deroubaix, mais le budget prévu a déjà été dépassé cette saison. Mon fils ? Il a inscrit 110 buts ces dernières saisons avec ses apparitions en P1, P3 et en équipe de jeunes. Donnons-lui sa chance. Je n’ai rien contre les joueurs d’expérience de notre groupe, contre Melvin Renquin ou d’autres, et bravo pour le titre ! Conserver cette politique sportive et financière, c’est aller dans le mur. Je me moque de ce qu’on dira de moi, je suis en accord avec ce que je ressens. Mon épouse se bat depuis un an contre une maladie sérieuse, je sais où se trouve l’essentiel".

L’attaquant de Loyers arrivera de Laponie trois heures avant le match

Antoine Richir
Antoine Richir © Facebook

En première provinciale namuroise, deux équipes ont dominé le championnat alors qu’il reste six matches à jouer, creusant un écart de 16 et 15 unités sur Biesme et Grand-Leez, les suivants. Les leaders, Loyers et Arquet se tiennent sur une unité et l’un ou l’autre va peut-être faire un pas vers le titre à la faveur du choc du grand Namur, prévu samedi à 20h30 à Vedrin, dans la petite suisse namuroise comme on le dit là-bas. La Suisse, un pays qui évoque les pistes de ski sur lesquelles se retrouveront plusieurs acteurs du match dès le lendemain, et ce qui a engendré des négociations pour trouver le moment adéquat entre vendredi, samedi soir et dimanche pour le jouer. Les accords ont dû aussi tenir compte du retour de Laponie d’Antoine Richir, l’attaquant de Loyers, lequel atterrira à Bruxelles vers 17h le samedi !

Juste à temps pour être sur la pelouse dès l’échauffement de 19h45 ? Une inconnue de plus pour les nombreux supporters attendus – Ils étaient près de 700 lors du match aller gagné en novembre 2022 par Loyers - , dont David Delferière, président de l’ACFF qui, à n’en pas douter constatera avec plaisir que le foot provincial reste attractif, surtout lorsque cela devient un derby capital dans la capitale wallonne !

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