Une Commission d'enquête parlementaire (CPI) du Sénat brésilien a demandé mercredi l'inculpation du président Jair Bolsonaro pour 10 crimes "intentionnels" lors de la pandémie de Covid-19, dont celui de "crime contre l'humanité".
Le rapport de la CPI sur la gestion de la pandémie qui a fait plus de 600.000 morts au Brésil a été rendu public par les grands médias au moment où son rapporteur s'apprêtait à lire le document très attendu.
"À l'issue de six mois de travaux intenses, cette Commission parlementaire a recueilli des preuves qui montrent que le gouvernement fédéral (...) a agi avec lenteur dans le combat contre la pandémie de coronavirus, exposant délibérément la population à un risque réel d'infection de masse", peut-on lire dans ce rapport.
Constituée de sénateurs de diverses tendances politiques, la CPI a rendu un verdict dévastateur pour l'image du chef de l'État, demandant également son inculpation pour "charlatanisme" ou "prévarication".
La CPI - qualifiée par Bolsonaro de "mascarade" - a été le théâtre d'auditions mouvementées, avec des témoignages émouvants et des révélations glaçantes sur des expériences sur des "cobayes humains" avec des remèdes inefficaces.
Accusations gravissimes
Pour les sénateurs, les crimes cités dans le rapport sont "intentionnels", le gouvernement Bolsonaro ayant délibérément décidé de ne pas prendre les mesures nécessaires pour contenir la circulation du virus.
Des accusations gravissimes, qui devraient néanmoins avoir une portée surtout symbolique pour l'heure, le président d'extrême droite bénéficiant de soutiens au Parlement à même de lui éviter l'ouverture d'une procédure de destitution. De même, le procureur général Augusto Aras, un allié de M. Bolsonaro, peut faire barrage à toute inculpation.
La CPI a également demandé l'inculpation de quatre ministres et deux ex-ministres. Les trois fils aînés du président ont aussi été ciblés par la CPI, pour "incitation au crime" par le biais de diffusion de fausses information.
"Ce rapport est un instrument de vengeance contre Bolsonaro et sa famille, c'est évident, que ni mes frères, ni moi, et encore moins le président, n'avons commis le moindre crime", a déclaré le sénateur Flavio Bolsonaro, aîné de la fratrie, peu avant la présentation du texte.