Les Belges du bout du monde

Bolivie : Sarah Beaulieu et Matéo Bourgogne, gérants de maison d'hôtes

Les Belges du bout du monde

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Par Edith Vallée

Dans cette émission des Belges du Bout du Monde, Adrien Joveneau reçoit Shibeshih Belachew, fils du Professeur Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien, qui nous a quitté en avril dernier...  Cap ensuite sur la Bolivie avec Sarah Beaulieu, une jeune liégeoise qui a ouvert, avec son mari Mateo Zbigniew Bourgogne, une maison d’hôte à Sucre, la capitale constitutionnelle de ce pays d’Amérique latine.   Et enfin, Anne Pollard nous parlera du grand nombre de femmes coiffées du fameux "bombin" des mythiques cholitas boliviennes. 

Hommage à Mitiku Belachew

Pour terminer la saison télé des Belges du bout du monde, notre équipe a décidé de rendre hommage au Berger devenu Chirurgien, Mitiku Belachew. Il nous a quitté en avril dernier et nous vous proposons de revivre le voyage que nous avons fait avec lui en juin 2018, vers sa région natale : Wonchy sur les hauts-plateaux Ethiopiens.  Il aurait eu 79 ans ce week-end, même s’il restait très discret sur son âge et si son année de naissance reste un mystère...

Hommage à Mitiku Belachew

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Le berger devenu chirurgien

Elevé sobrement à l’école de la nature, ce Sage connaissait le prix de la vie, il en a tant sauvé de par le monde, en Ethiopie, son pays natal, en Belgique, son pays d’accueil, en Australie et aux Etats-Unis où il était invité pour partager son invention. Partout, cet enfant des hauts-plateaux était reconnu comme une sommité mondiale…

"Celui qui a vu la montagne n'a plus peur de la colline", nous disait-il à sa descente du Kilimandjaro qu'il avait escaladé, à 67 ans, l'œil toujours complice et malicieux. Une ascension à l'image de sa vie : toujours plus haut ! Le premier chirurgien au monde à réaliser la pose de l'anneau coelioscopique est entré, comme sa compatriote Lucy, notre maman universelle, dans l'histoire de l'humanité.

Ce Seigneur des Anneaux finançait discrètement la restauration de l'école et du centre de santé de son petit village. Sa science n'avait d'égale que sa générosité, puisse son étoile nous éclairer pour l'Éternité...

Devenu citoyen belge, il n’a jamais renié ses origines. A l’apogée de sa vie professionnelle le Professeur Mitiku Belachew décide d’investir dans ce qui lui a permis de donner le meilleur de lui-même… l’éducation ! Il a fondé une école et un centre de santé dans le village où il a grandi. Avant de s’y rendre ensemble, il fixe rendez-vous Adrien à Addis-Abeba, 2300 m d’altitude, la capitale la plus élevée du continent.

Hommage à Mituku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berge devenu chirurgien

Au bord du cratère de Wonchi, son village natal, Mitiku est accueilli comme un prophète dans son pays. Le berger devenu chirurgien est la fierté de toute la communauté ! Le projet qu’il a lancé ici permet aujourd’hui à 700 enfants des montagnes d’aller à l’école dans un village où il n’y en avait pas… Emu par cet accueil grandiose et les nombreux témoignages de gratitude, Mitiku Belachew récolte ce qu’il a semé.

Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien

Pour éduquer un enfant, il faut tout un village… Un village qui n’arrête pas de célébrer le retour de son ancien berger… Mitiku Belachew se plie de bonne grâce aux cérémonies d’accueil dans sa petite école. Une chaleur humaine digne de la cité ardente. Oufti, quelle ambiance, dira-t-il à Adrien, en souvenir de ses années d’études au Sart-Tilman. Mitiku sait l’importance de l’enseignement… Lui qui est bardé de diplômes, lui qui est reconnu internationalement, sait aussi que la première école qui l’a façonné, c’est celle de la nature…

Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien © Tous droits réservés

Changement de décor, après ce retour aux sources, Mitiku ramène Adrien à Addis-Abeba, la capitale aux 7 millions d’âmes. Une ville grouillante où l’ancien petit berger a aussi été chirurgien. Et pas n’importe lequel, le premier au monde à réaliser la pose de l’anneau gastrique par laparoscopie. Une technique révolutionnaire qu’il a aussi pratiquée à l’hôpital Yared où ses collègues se souviennent évidemment du professeur et l’accueillent avec chaleur…  Dans tous les couloirs de l’hôpital, Mitiku salue avec la même bienveillance tout le personnel, qu’il soit d’entretien ou chirurgien, infirmier ou administratif…  Cet honnête homme sait que ce n’est pas la fonction qui nous grandit mais la manière dont on l’a rempli !

Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien © Tous droits réservés

Petit flash-back, le 1er septembre 1993, Mitiku Belachew réalisait la première pose d’un anneau gastrique avec caméra laparoscopique. Une caméra qui deviendra son instrument privilégié. En un quart de siècle, elle lui aura permis d’opérer plus de 30.000 patients, un peu partout sur la planète. Un pied en Ethiopie, l’autre dans l’hémisphère nord, Mitiku Belachew était un Médecin sans frontières, il faisait rayonner son invention dans les petits hôpitaux d’Afrique et dans les plus grandes cliniques de la planète. S’il parcourait le monde, il n’oubliait jamais d’où il venait et ses confrères Ethiopiens faisaient partie de sa garde rapprochée…

Lucy, notre maman universelle

Pays anglophone d’Afrique de l’Est, l’Ethiopie est une mosaïque culturelle où l’on parle aussi plus de 400 langues et dialectes. C’est un des berceaux de l’humanité, le pays des origines…  de nos origines à tous, quelle que soit notre couleur ou notre culture…  Pour rien au monde, nous n’aurions pu manquer de rendre visite à Lucy, notre maman universelle. Une Australopithèque d’un peu plus de 3 millions d’années, découverte dans la vallée du Rift par le paléontologue Yves Coppens, en 1974. La jeune femme repose aujourd’hui au Musée national d'Éthiopie.

Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Hommage à Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien

Celui qui a vu la montagne n’a plus peur de la colline…

Originaire d’un pays qui compte 25 sommets de plus de 4000 mètres, Mitiku Belachew a escaladé le toit de l’Afrique, le Kilimandjaro, une ascension à l’image de sa vie : toujours plus haut. Son parcours de petit berger devenu chirurgien était déjà formidable mais devenir le premier chirurgien au monde à réaliser la pose de l’anneau cœlioscopique, l'a fait entrer, comme Lucy, dans l’histoire de l’humanité… Une histoire belgo-éthiopienne… non peut-être ?

Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien
Mitiku Belachew, le berger devenu chirurgien © Tous droits réservés

Pour Mitiku, la mort faisait partie de la vie.  Décédé en avril dernier à l'Université de Liège, à l'endroit même où il avait entrepris ses études en Belgique.

Il a donné son corps à la science.  Des étudiants vont apprendre la médecine grâce à son corps...  Tout un symbole de transmission, un dernier acte de partage et un beau message : "La vie continue...".

Sa famille et ses amis vont perpétuer sa mémoire et prendre le relais de son œuvre via l'association Salamta, (Salamta | Facebook), active en Ethiopie et au Maroc, elle a beaucoup de relais généreux en Belgique.

Avec toutes nos pensées pour sa famille et pour les peuples d’Ethiopie qui connaissent, depuis plusieurs mois, des jours très difficiles…

Cap sur la Bolivie avec Sarah Beaulieu

Sarah Beaulieu et Mateo Zbigniew Bourgogne
Sarah Beaulieu et Mateo Zbigniew Bourgogne © https://www.facebook.com/profile.php?id=100008223794537

Sarah a grandi à Petit-Avin, un petit village du Condroz hûtois.  Elle a travaillé une dizaine d’années dans le domaine de l’éducation populaire, des migrations, des ONG.

Avec Mateo, son mari, ils ont décidé de "changer de vie", de quitter l’Europe et aujourd'hui, ils gèrent ensemble, tout en y insufflant leurs passions respectives, la maison d’hôtes familiale La Selenita casa de Huéspedes Bolivia (La Selenita casa de huéspedes Bolivia | Facebook) située dans le centre ville de Sucre, en Bolivie (département de Chuquisaca sur la cordillère des Andes orientale à 2800 mètres d’altitude).     

Sarah est arrivée en Bolivie en décembre 2020. Son mari y a grandi. Il a fait ses études en Belgique et c’est là qu'ils se sont rencontrés.

Pendant la pandémie, le télétravail pouvant s’y prêter, ils ont décidé de partir trois mois en Bolivie. Sarah avait envie de découvrir le pays, la ville de son mari. Elle est "tombée amoureuse" de Sucre, de la maison d’hôtes et ils ont décidé d’y rester !

La Selenita casa de Huéspedes Bolivia 
La Selenita casa de Huéspedes Bolivia 
La Selenita casa de Huéspedes Bolivia 
La Selenita casa de Huéspedes Bolivia 

En découvrant le pays, Sarah a été émerveillée par les paysages spectaculaires, la cordillère des Andes entourant la ville blanche de Sucre. La petite ville à l’architecture coloniale, ses bruits, ses marchés, la diversité des habitants l’ont tout de suite fait se sentir "comme à la maison".

En Bolivie on parle l'espagnol bien que 37 langues soient maintenant reconnues suite à l’instauration de la nouvelle constitution et de l’état plurinational de Bolivie. Là où Sarah et Mateo vivent, le quechua reste prédominant pour bon nombre de personnes.

Sucre traditional market, Bolivia.
Market in Sucre, Bolivia

Pas de sécurité sociale en Bolivie mais on sent une solidarité "organique" très forte. Les gens s’entraident, ont un état d’esprit collectif. La pandémie a été très meurtrière également, les vaccins tardent à arriver, beaucoup de gens n’ont pas les moyens de se payer des soins de santé. Durant cette période, Sarah a observé une grande entraide entre les habitants.

Le mode de vie est plus serein qu’en Europe. Personne ne parle de burn out ou de maladie liée au stress. Sarah a le sentiment de subir beaucoup moins de pression là-bas car on y vit davantage au rythme de la nature, on se lève généralement tôt, avec le soleil et on se couche plus tôt également.

Les autoroutes n’existant pas, il faut beaucoup de temps de trajet pour relier une ville à l'autre. Il est donc très compliqué de vivre dans une ville et de travailler dans une autre. La Bolivie compte plus ou moins autant d’habitants que la Belgique mais est 38 fois plus grande. On a donc l’impression d’avoir accès à de grands espaces naturels quasi inhabités dès que l'on sort des 9 grandes villes boliviennes. Les paysages sont très variés, passant de la Cordillère des Andes à l’Altiplano (plaine surplombant les montagnes à plus de 4000 mètres d’altitude), aux régions chaudes et tropicales de l’est du pays.

Altiplano, Bolivia
Cordillère des Andes, Bolivie

Sarah et Mateo ont la chance d’avoir une maison familiale et la maison d’hôtes créée par les parents de Mateo il y a une dizaine d’années. La famille de Mateo vivant actuellement en Belgique, ils avaient donc l’opportunité de pouvoir se lancer. Mais tout n’est pas simple pour autant, le tourisme ayant énormément souffert de la pandémie, il faut sans cesse s’adapter et pour Sarah, apprendre un nouveau métier.

En septembre 2020, suite à un épuisement professionnel, elle ne trouvait plus de sens dans le boulot qu'elle faisait. Toujours empreinte des valeurs de solidarité et de militance qui sont siennes, elle ne se trouvait cependant plus en accord avec les institutions belges proposant ce genre de job. Elle avait, par ailleurs, depuis petite, nourri l’envie de s’installer à l’étranger et avait envie d’une reconversion tant professionnelle que personnelle en terme de rythme de vie et elle souhaitait se diriger vers le tourisme alternatif tout en gardant en tête le projet de lier la maison d’hôtes avec des projets culturels, interculturels et artistiques.

Mateo est récemment diplômé du Conservatoire Royal de Liège en composition contemporaine

Mateo Zbigniew Bourgogne
Mateo Zbigniew Bourgogne © https://www.facebook.com/photo.php?fbid=2097956913821748&set=pb.100008223794537.-2207520000..&type=3

Mateo a fait ses humanités en Bolivie et ses études supérieures en Belgique.  Il a étudié la musique en commençant par le piano à Namur, à l'IMEP (Institut royal supérieur de musique et de pédagogie de Namur), et ensuite la composition au Conservatoire de Liège.

Pour terminer ses études au Conservatoire de Liège, il a écrit une pièce qui intègre la musique de la culture bolivienne dans la musique contemporaine occidentale et en lien avec les tissus d'Amérique du Sud.

Anne Pollard et les cholitas de Bolivie

Le "Bombin", est une déclinaison du fameux borsalino de Charlie Chaplin. C'est l'indispensable couvre-chef des femmes boliviennes qu'on appelle "les cholitas".  Dans les rues de La Paz, la capitale, on ne peut pas les manquer. 

C’est dans les années 1920 que les boliviens ont découvert le borsalino, grâce aux cheminots anglais. A l'époque les ingénieurs des chemins de fer débarquent en Bolivie avec, dans leurs valises, leur fameux chapeau melon.  Tout de suite ce chapeau "so british" fait un carton près des femmes aymara et quechua.  Les boliviennes ont particulièrement apprécié la forme de ce chapeau à la fois élégante, solide et pratique. Elles l'adoptent immédiatement.  Il devint alors le chapeau préféré de toute l'Amérique. 

L'image de la femme bolivienne avec ce petit chapeau melon sur la tête nous est désormais familière. 

La légende raconte qu'un commerçant qui vendait ses chapeaux à pertes aux hommes les proposa aux femmes en leur promettant qu'ils leur apporteraient une grande fertilité.

Les Belges du Bout du Monde en Bolivie
Les Belges du Bout du Monde en Bolivie

Goûtez au dépaysement proposé par Adrien Joveneau et les Belges du bout du monde à 9 heures le dimanche en Radio sur La Première, dès 10 heures en podcast sur Auvio et sur La Une TV à 14h10. Retrouvez les histoires et les bons plans de centaines de Belges qui vivent aux quatre coins du monde sur la Carte des Belges du Bout du Monde.

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