Tu mentionnes que l’EP est prêt depuis longtemps. Quel a été son processus de création ?
Il y a eu le premier confinement, c’était très bien parce que ça m’a obligé à prendre une pause. J’ai beaucoup de chance parce que j’ai eu mon statut d’artiste juste avant que la pandémie n’arrive. Donc je peux vraiment remercier les dieux qui sont là dehors, ça m’a vraiment sauvé la vie. Mais j’ai vu, pour plein d’autres artistes qui n’ont pas eu la meme chance que moi, la souffrance que c’était. C’était très dur pour certains d’entre nous, mais en même temps ça nous a tous forcés à faire une pause : pourquoi sortir des trucs si tu peux pas aller faire de concerts ? Autant faire une pause et revisiter ce que tu es en train de faire. Personnellement, ça m’a fait du bien. Ça faisait 4 ans que depuis “I Run” j’avais pas mal enchainé la production de l’EP Moka, après les tours, après la production du deuxième projet, avec Equipe, avec tout ce qui se passait autour, donc ça a été assez vite. Quand le premier confinement est arrivé, je n’étais pas prête à enchainer sur un troisième truc. Puis vu qu’il y a eu ce moment de pause, je me suis dit “vas-y, on drop directement” puis je me suis dit “en fait je drop rien du tout”. Parce que les morceaux que j’avais à ce moment-là, ils ne racontaient pas ce dont j’avais envie de parler. Je n’essayais pas d’écrire tous les jours, mais je suis rentrée dans une phase de blocage parce que je sentais que je n’allais pas vers la musique. J’étais très distraite, je jouais à beaucoup de jeux nuls. J’étais vraiment juste une gosse, j’ai juste fait ma vie de gosse (rires). Un jour, je parlais de la suite avec mon manager en France (Savoir Faire), il m’a dit “bon, tu veux pas aller en stud avec des producteurs différents, voir ce que ça te fait? Pour savoir vers où tu veux aller ?” J’ai répondu “Oui pourquoi pas, essayons”. Un de ces producteurs-là c’était Sam Tiba. Avant de faire ce genre de sessions, généralement tu reçois le numero ou l’adresse email du producteur, tu lui envoies un message et ensemble, vous essayez d'apprendre à vous connaître. Si vous vous entendez bien, vous pouvez faire de la bonne musique ensemble, mais si vous ne vous entendez pas bien, vous pouvez quand même faire de la bonne musique, mais ça risque d'être complètement awkward. Comme j'avais le numéro de Sam, je lui ai tout de suite envoyé un message. On a commencé à parler d'un tas de choses et on était d’accord sur plein de trucs : il aimait les anime, j'aimais les anime, il aimait les choses mélancoliques, j'aimais les choses mélancoliques, etc. À un moment, il m’a envoyé un beat, et j’ai directement eu un déclic dessus. J’ai directement écrit dessus. Je lui ai demandé de m’envoyer des prods qui y ressemblaient, il m’en a encore envoyé 3 ou 4 et j’ai écrit un deuxième début de morceau sur cette deuxième prod. Apres je suis partie à Paris pour avoir les trois fameuses sessions avec les trois producteurs différents, et le jour où j’ai travaillé avec Sam je crois qu’on avait deja fait 4 demos de l’EP. J’ai directement compris que c’était avec lui que je voulais travailler. C'est comme ça qu’on a commencé à faire l'EP, juste après ce gros blocage, moi qui voulais écrire à nouveau mais qui ne savais pas quelle direction j'étais prête à prendre, rencontrer Sam, être très fascinée par cette nouvelle direction style "ohh, c'est exactement ce que je cherchais !". Et puis s'embarquer dans ce voyage avec lui, en découvrant ce que je voulais dire. Généralement, c’est le genre de choses que je découvre après beaucoup écrit. Je commence par écrire et ensuite je vois de quoi ça parle.