Epreuves, intégration, rituel... A quelques jours de la rentrée, le bizutage revient en force. Tantôt un jeu tantôt un délit, la frontière entre les deux est fragile et il devient difficile, pour certains étudiants, de faire la part des choses.
Que dit la loi?
Alcool, chants, folklore... Bien qu'il porte un nom différent, le "baptême étudiant" s'apparente d'une certaine manière au bizutage. Il est légalement autorisé mais certaines règles, précisées dans des Chartes telles que celle de Aune ou celle de Mata For interieur, sont à respecter. Ces documents contiennent des règles établies, respectivement, par l'UCL et l'ULB. Il est dit que "le corps de toute personne est sacré et son intégrité physique et mentale, en tous temps et tous lieux doit, par chacun et par tous, être respectée [...] Ceci signifie qu’aucune contrainte corporelle ou mentale, aucune humiliation, aucun traitement dégradant, ne peuvent être exercés à l’occasion des manifestations qui émaillent le parcours proposé aux étudiants en vue de leur accueil et intégration à la vie universitaire".
Des actes passibles de six mois de prison
En France, c'est une tout autre affaire. Selon l'article 225-16-1 du code pénal, le bizutage consiste à "amener autrui à commettre des actes humiliants ou dégradants ou à consommer de l'alcool de manière excessive lors de manifestations liées au milieu scolaire, sportif et socio-éducatif". Selon la loi du 17 juin 1998, de tels actes peuvent être passibles de six mois de prison (la plupart du temps avec sursis) et de 7500 euros d’amende. Mais en Belgique comme en France, les étudiants ne suivent pas toujours les règles imposées.
La direction promet de punir les responsables
Chaque année, le rituel est le même: bizuter les nouveaux étudiants. Dans certaines écoles françaises, le bizutage reste "bon enfant" et les élèves en ressortent amusés. Dans d'autres écoles, le ressenti n'est pas le même et malgré les lois instaurées, les dérives sont présentes... Ce 5 septembre, 250 étudiants de première année en école d'infirmiers à Toulouse (Haute-Garonne) ont été victimes d'un bizutage de grande ampleur, alors qu'ils étaient assis en amphithéâtre. Attachés avec du scotch, les étudiants ont été recouverts de vinaigre, de ketchup, de mayonnaise et de pâtée pour chats. Des dessins à caractères sexuels ont été dessinés sur le visage des filles, ou des termes tels que "bizut" inscrits sur leurs poitrines. Les étudiants tentant de s'échapper ont été retenus, et ceux qui refusaient de se plier à chanter une chanson "aux propos dégradants" recevaient des œufs. La direction a interdit aux élèves de parler à la presse, à leur famille et de publier des photos sur les réseaux sociaux. La direction dément cette affirmation et rappelle s'être "engagée pour que la lumière soit faite sur cette situation". Elle promet de punir les responsables et ouvre une enquête interne, soutenue par la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.