Le journaliste américain Danny Fenster, détenu en Birmanie depuis mai pour terrorisme, a été libéré et expulsé du pays, à la veille d'un procès où il risquait la prison à vie, a déclaré lundi à l'AFP un porte-parole de la junte militaire au pouvoir.
La libération de Danny Fenster a été obtenue à la suite de "négociations en tête-à-tête" entre le chef de la junte Min Aung Hlaing et l'ancien haut diplomate américain Bill Richardson, a indiqué son bureau dans un communiqué.
Les deux hommes se rendront aux États-Unis "via le Qatar, au cours du prochain jour et demi", a déclaré le Richardson Center, ajoutant qu'il était impatient de retrouver Danny et ses parents, Buddy et Rose, ainsi que son frère Bryan.
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Une photo postée par Bill Richardson montre Danny Fenster debout en short et tongs devant un petit avion aux côtés de l'ancien gouverneur du Nouveau-Mexique reconverti en négociateur d'otages, sur le tarmac de Naypyidaw, la capitale de la Birmanie.
Agé de 37 ans, le journaliste, qui travaille pour le magazine Frontier Myanmar, avait été arrêté en mai alors qu'il tentait de quitter le pays. Il était détenu depuis à la prison d'Insein près de Rangoun.
Dans un communiqué aux États-Unis, la famille du journaliste n'a pas caché son soulagement: "Nous sommes ravis que Danny ait été libéré et en train de rentrer -nous avons hâte de le serrer dans nos bras et sommes énormément reconnaissants envers tous ceux qui ont contribué à sa libération, en particulier l'ambassadeur Richardson, nos amis et le public qui nous a soutenu et épaulé durant ces longs mois difficiles que nous avons endurés".
"Nous pouvons confirmer qu'il a été libéré et qu'il sera expulsé. Des détails seront communiqués ultérieurement", avait auparavant déclaré à l'AFP le porte-parole de la junte Zaw Min Tun.
La semaine dernière, le journaliste avait été condamné à 11 ans de prison pour incitation contre l'armée et association illégale.
Il devait comparaître mardi devant un tribunal pour terrorisme et sédition, et encourait pour cela la prison à vie.
Sanglante répression des opposants depuis le putsch militaire
La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch militaire du 1er février qui a mis fin à une parenthèse démocratique de 10 ans.
Le régime poursuit une sanglante répression contre ses opposants avec plus de 1200 civils tués et plus de 7000 en détention, selon l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Cette ONG locale signale des cas de tortures, de viols et d'exécutions extra-judiciaires.
La presse est muselée par la junte qui tente de renforcer son contrôle de l'information, limitant l'accès à l'internet et annulant les licences des médias.
Plus de 100 journalistes ont été arrêtés depuis le putsch, selon Reporting ASEAN, une association de défense des droits, qui souligne que 31 d'entre eux sont toujours en détention.