La junte justifie son passage en force en assurant avoir découvert plus de 11 millions d’irrégularités lors des élections de novembre 2020, remportées massivement par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi.
Mais personne n’avait été inculpé pour cela jusqu’à présent.
Les observateurs internationaux ont pour leur part qualifié à l’époque ce scrutin de "globalement libre et équitable".
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Le chef de la junte, Min Aung Hlaing, a menacé de dissoudre la LND, principale force d’opposition du pays, et assuré que de nouvelles élections seraient organisées d’ici août 2023.
"Allégations fallacieuses"
"La junte utilise des allégations fallacieuses de fraude électorale pour justifier son coup d’État", a déclaré à l’AFP Richard Horsey de l’International Crisis Group.
"Aung San Suu Kyi et son parti bénéficiaient d’un soutien écrasant des électeurs, les verdicts de culpabilité ne convaincront personne".
Cette nouvelle inculpation de l’ex-dirigeante intervient au lendemain de la libération du journaliste américain Danny Fenster, gracié après plus de six mois de détention à la veille d’un procès où il risquait la perpétuité pour terrorisme. Il a été expulsé vers les Etats-Unis.
Aung San Suu Kyi, 76 ans, est jugée depuis juin pour une multitude d’infractions – importation illégale de talkies-walkies, sédition, corruption, incitation aux troubles publics…
Elle est également accusée d’avoir violé les règles de restrictions contre le Covid-19. Et un premier verdict est attendu le 14 décembre dans ce volet de l’affaire.
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Elle risque de longues années de prison si elle est reconnue coupable.
Les médias ne sont pas autorisés à assister à son procès, à huis clos, devant un tribunal spécial de Naypyidaw, la capitale. La junte a également interdit à son équipe juridique de parler à la presse et aux organisations internationales.
Fin octobre, Win Htein, un de ses proches collaborateurs âgé de 80 ans, a été condamné à 20 ans de détention pour trahison.
Le putsch de février a mis fin à une transition démocratique d’une décennie.
Depuis, les militaires mènent une répression sanglante contre leurs opposants avec plus de 1250 civils tués et près de 7300 en détention, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP). Elle a rapporté des cas de tortures, de viols et d’exécutions extra-judiciaires.
La presse est muselée par la junte qui tente de renforcer son contrôle de l’information, limitant l’accès à l’internet et annulant les licences des médias.
Plus de 100 journalistes ont été arrêtés ces derniers mois, selon Reporting ASEAN, une association de défense des droits. Au total, 31 d’entre eux sont toujours en détention.