Mode

Biodégradables, upcyclées ou durables : les sneakers passent en mode green

Biodégradables, upcyclées ou durables : les sneakers passent en mode green.

© Westend61

Par RTBF avec ETX

À quoi ressemblera la basket du futur ? Elle pourrait être fabriquée à partir de sushis, s'apparenter à un patchwork de chutes de tissus et même se décomposer dans la terre. Les acteurs de l'industrie de la mode rivalisent aujourd'hui d'inventivité et de savoir-faire pour réinventer cet indispensable de la garde-robe, et le rendre plus green.

Les baskets sont parvenues ces dernières années à se muer en véritables objets de collection. Évalué à quelque 70 milliards de dollars en 2022, le marché mondial des sneakers devrait dépasser les 100 milliards de dollars d'ici 2026, d'après des données publiées par Statista. Des chiffres impressionnants qui laissent songeurs quant aux émissions de dioxyde de carbone et aux montagnes de déchets générés par ces objets de toutes les convoitises. Une question que certains acteurs de l'industrie ont déjà prise à bras-le-corps, tentant à coups d'innovations de révolutionner le secteur pour le rendre plus vert.

De nouveaux matériaux : saumon, pomme et pissenlit

Les grandes marques de sneakers proposent à tour de rôle des modèles plus durables mais n'ont pas encore trouvé la recette - ni la matière - miracle qui révolutionnera à coup sûr l'une des industries les plus polluantes.

Ce sont finalement de plus petits acteurs qui tentent de se réinventer avec des innovations toutes plus originales et éco responsables les unes que les autres. C'est le cas de la marque Ashoka Paris, qui propose des sneakers en résidus de pommes et de céréales, P448, qui vient d'introduire des baskets en peaux de pommes issues de vergers italiens, ou encore MoEa, qui se concentre sur des sneakers éco-responsables, véganes et recyclables partiellement fabriquées à base de plantes et de fruits

D'autres marques vont encore plus loin, et expérimentent des ingrédients totalement inattendus. C'est le cas de la marque O.T.A. Paris, qui a dévoilé courant 2022 une paire de baskets partiellement confectionnée à partir de restes de sushis et de makis. Le concept pourrait prêter à sourire et pourtant, il pourrait en inspirer plus d'un.

Le label s'est associé à une tannerie française pour transformer des peaux de poissons issues d'un restaurant Sushi Shop à Lyon en un logo.

La semelle est, elle, conçue à partir de pneus et de caoutchouc recyclés.

De son côté, la marque américaine Cole Haan s'est tournée vers le pissenlit pour élaborer la semelle extérieure de ses sneakers. Connue pour être une alternative au latex d'hévéa, l'arbre à caoutchouc, le pissenlit peut se métamorphoser en une gomme spécifique qui colle parfaitement avec l'esthétique et la technicité des baskets. Quant au designer français Eugène Riconneaus, il a fait coup double en débarrassant les plages de nombreux déchets marins, dont des fruits de mer, pour les réinjecter dans des paires de sneakers.

Upcycling et impression 3D

On l'aura compris, les nouvelles matières constituent la base des recherches des acteurs de la mode pour verdir les sneakers. Mais elles ne constituent pas l'unique solution. Certains se tournent vers des matières premières déjà existantes pour limiter davantage encore l'empreinte carbone des chaussures les plus vendues au monde. Autrement dit, ils ont recours à une pratique en vogue : l'upcycling.

Dès 2021, le Château de Versailles s'est engagé en ce sens en présentant une collection de sneakers conçue à partir de tissus utilisés pour la scénographie de l'exposition "Hyacinthe Rigaud ou le portrait soleil" tandis que la marque Caruus s'est attelée à fabriquer une paire de sneakers à partir de vieux jeans et bleus de travail.

Et lorsqu'elles ne se tournent pas vers des déchets et autres matières existantes, les marques misent sur les nouvelles technologies comme l'impression 3D, testée et approuvée par Hilos aux États-Unis ou, à moins grande échelle, par le créateur de renommée mondiale Heron Preston. Une solution qui, bien qu'au stade de prototype, pourrait rapidement se démocratiser pour toucher un public plus vaste.

Que faire de ses baskets en fin de vie ?

C'est la question que l'on peut se poser à une époque où la majorité des modèles ne sont que difficilement recyclables et encore moins biodégradables.

La marque Circle Sportswear a planché sur le sujet pendant près de trois ans pour sortir en ce début d'année la "SuperNatural Runner", une basket conçue en économie circulaire en Europe à partir de matériaux biosourcés, biodégradables et recyclables. Laine mérinos, fibre de bois, huile de ricin et gomme naturelle composent cette chaussure, dont la partie supérieure est biodégradable et régénérative, tandis que la semelle est entièrement recyclable.

Le label OAT Shoes s'est d'ailleurs lui aussi intéressé de près à la fin de vie des sneakers en dévoilant une paire entièrement biodégradable dotée d'une languette dans laquelle a été glissée une graine. Une fois usées, les baskets n'ont plus qu'à être enterrées pour se décomposer et laisser place à... un parterre de fleurs. Autant de solutions qui démontrent la volonté des acteurs de la mode de faire leur révolution green, même si celle-ci n'en est encore qu'à ses prémices.

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