Des habitants du village de Ferooz, dans l’entité de Gembloux, veulent racheter ensemble le bois derrière chez eux. L’objectif est d’en faire la première "forêt citoyenne" de Wallonie.
Il s’agit d’une parcelle privée, en partie sur un site Natura 2000, de 25 hectares. Quand le collectif de l’Ecole démocratique de l’Orneau, qui vient de s’installer à proximité, a entendu que ce bois était à vendre pour 400.000€, ils se sont mis à rêver : "Notre objectif est de rendre public l’accès à ce bois, de l’ouvrir aux écoles, d’y proposer des espaces pédagogiques, de préserver son écosystème et d’y créer un modèle innovant de valorisation économique et écologique", explique Romain Gauthier, l’un des porteurs du projet.
Rapidement, d’autres acteurs locaux comme des mouvements de jeunesses et des clubs de loisirs se sont joints à la démarche. La Société Royale Forestière de Belgique, une association qui regroupe les propriétaires de parcelles boisées, soutient aussi pleinement le projet. "C’est innovant et on a été séduit par le volet pédagogique. Cela va notamment permettre de sensibiliser la population aux différentes fonctions de la forêt", explique son président Philippe de Wouters.
Cependant, tout reste à faire : signer le compromis de vente avec le propriétaire, lever 500.000 euros de fonds et surtout créer la coopérative qui deviendrait propriétaire juridiquement des lieux. "Les gens qui vont devenir coopérateur seront en réalité les garants d’une bonne gestion. Ils pourront aussi venir aider à élaguer, à marquer les arbres, etc., ils pourront comprendre comment vit une forêt, comment la protéger", ajoute Romain Gauthier.
Les 25 hectares de forêts ont un profil très varié, avec une grande diversité à la fois au niveau des espèces végétales présentes et des types de sols. Pour Olivier Baudry, qui a expertisé le bois, cela permet d’y combiner accueil du public, protection de la nature et exploitation des ressources, comme l’envisagent les initiateurs de la coopérative. Ce spécialiste de la gestion forestière se veut toutefois prudent quant à la mise en pratique : "c’est un gros défi en termes de prise de décision et de vision à long terme. Il n’existe pas encore de modèle du genre chez nous, contrairement à la France. Tout cela reste à définir, ça représente un gros travail mais c’est aussi ça qui est beau dans le projet."
En attendant, il va d’abord falloir devenir propriétaire des lieux. Un compromis de vente serait sur le point d’être signé, nous confie-t-on. Les citoyens auront alors quatre mois pour récolter l’argent. Une campagne de financement participatif est prévue en décembre. Si la vision des porteurs du projet devient réalité, ils pourraient faire figure de pionnier de la gestion participative des espaces boisés, à moins que cette initiative similaire au bois de la Houssière dans le Hainaut n’aboutisse en premier.