On n'est pas des pigeons

Bien-être animal : bientôt la fin du poulet industriel ?

Par Olivier Corroenne

Lancé en 2017 à l'initiative d'une trentaine d'ONG soutenant la protection animale en Europe, le "Better Chicken Commitment" (lisez: "Engagement pour un meilleur poulet") est maintenant adopté par certains distributeurs.

Le poulet "standard" devrait disparaître de leurs rayons ... d'ici 2026 !  

Les grandes surfaces parties prenantes du projet

Colruyt a été le premier à adopter cet engagement en Belgique. D'autres ont suivi : Delhaize, Aldi, Lidl et Carrefour. Voilà qui signe la mort du poulet standard que l'on pourrait aussi qualifier d'"industriel". Au rayon boucherie des grandes surfaces, il y a souvent différents labels de poulet et des prix qui peuvent varier du simple au quadruple ! Mais il n'y a pas que le prix ! Le bien-être animal commence à faire son chemin. Dans la grande distribution, Colruyt, puis Delhaize, Lidl, Aldi et Carrefour ont suivi le mouvement. Tout comme le consommateur, ces distributeurs ne veulent plus commercialiser des poulets à croissance rapide, entassés dans de très mauvaises conditions.

Des normes pour un meilleur poulet

Mais il faudra que les éleveurs s’adaptent. Pourquoi ? Parce que les normes du " Better Chicken Commitment " qui augmentent le bien-être du poulet supposent plusieurs changements

  1. - La variété de poulet devra être adaptée. Fini le poulet de chair à croissance rapide, bonjour, le poulet à croissance intermédiaire ;
  2. - La croissance passe alors de 42 jours à environ 56 jours
  3. - Il y aura aussi plus d’espace : au lieu de 20 poulets au mètre carré, il y en a 13 ;
  4. - Il y aura aussi plus de lumière et des perchoirs. 
© Getty images

Bien-être augmenté = poulet plus cher ?

Nous avons visité un élevage qui va déjà au-delà de ces normes et qui produit le poulet de la marque "Val-Dieu". A croissance plus lente, il dispose déjà de plus d'espace et de lumière, mais coûte plus cher que le poulet industriel.

Ca coûte un peu plus cher, mais si on veut un produit de qualité, il faut pouvoir mettre un peu plus cher et aussi valoriser le travail de l'agriculteur qui fait un effort pour le consommateur.

Le bien-être animal a aussi un prix, comme le souligne Antoine Van Eeghem, éleveur de volailles : "Ca coûte un peu plus cher, mais si on veut un produit de qualité, il faut pouvoir mettre un peu plus cher et aussi valoriser le travail de l'agriculteur qui fait un effort pour le consommateur. Il faut aussi valoriser son travail". Voilà certainement pourquoi, un fois transformé, ce poulet est pratiquement trois fois plus cher que le poulet industriel (par exemple, chez Colruyt: 2,39 euros le kilo pour le poulet industriel contre 6,50 euros pour le poulet Val-Dieu). 

Quel sera le prix pour le consommateur ? C'est encore une inconnue.

Alors, demain, en 2026, le poulet nouveau, au bien-être augmenté, sera-t-il plus cher dans les rayons ? Réponse de Philippe Toussaint, expert durabilité chez Colruyt : "Ce qu'on sait c'est qu'il va nous coûter plus cher à l'achat, probablement, vu qu'il y a moins de poulets au mètre carré etc...Quel sera le prix pour le consommateur ? C'est encore une inconnue. Et donc, on adaptera les prix au prix des autres supermarchés, comme on le fait actuellement". On n'en saura donc pas plus pour l'instant. 

Et la qualité ?

Avec le "better chicken", le bien-être du poulet sera mieux respecté. Le prix risque d'augmenter, mais la qualité sera peut-être aussi accrue.

Au-delà même des considérations en terme de bien-être, je pense que même en terme de qualité des produits, ce type d'initiative se justifie.

C'est ce qu'avance Antoine Clinquart, responsable du Laboratoire des denrées alimentaires de l'Université de Liège : " Il faut reconnaître que dans la production de volailles de chair, on est allé très loin dans l'efficience de production. La question qui s'est quand même posée c'est jusqu'où ne pas aller trop loin. Et il précise : "On est probablement allé très loin en terme de densité, de vitesse de croissance au détriment du bien-être animal, voire même au détriment de la qualité des produits. Il faut imaginer des filets de volailles qui se développent de manière très spectaculaire en quelques semaines, cela a produit certains défauts." "Donc, au-delà même des considérations en terme de bien-être, je pense que même en terme de qualité des produits, ce type d'initiative se justifie", conclut-il.

© Getty images

Attendre 2026 ?

Et pour le goût ? Des tests seront réalisés. Cependant, il y a fort à parier qu'avec des variétés différentes de poulet, à croissance plus lente, dans un environnement plus agréable, il sera plus savoureux.

2026, c'est la date finale. Mais l'ambition qu'on a, c'est de commencer progressivement la transformation du secteur et l'assortiment à partir de fin 2022.

Mais pour le savoir, il faudra encore attendre quatre ans. Vraiment ?  Philippe Toussaint, Colruyt : "On ne va pas attendre aussi longtemps. 2026, c'est la date finale. Mais l'ambition qu'on a, c'est de commencer progressivement la transformation du secteur et l'assortiment à partir de fin 2022". 


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