Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a signé ce lundi une loi interdisant aux journalistes de couvrir les manifestations jugées illégales, en pleine répression d’un mouvement de contestation historique en 2020. "La couverture en direct d’événements de masse violant l’ordre public, notamment en vue d’en faire la promotion ou la propagande, sera interdite", a rapporté l’agence de presse publique Belta.
Elle précise que cette interdiction s’appliquera notamment aux journalistes. A l’été et à l’automne, le président biélorusse a été confronté à des manifestations non-autorisées ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes, une mobilisation énorme pour un pays d’à peine 9,5 millions d’habitants.
Arrestations massives
Mais la protestation s’est progressivement essoufflée face à des arrestations massives, des violences policières ayant fait au moins quatre morts et de lourdes peines de prison contre des militants et des journalistes. Selon Belta, le président Loukachenko a également signé une loi interdisant à la presse de publier sur internet des "liens hypertextes" vers des contenus "interdits".
Le Parquet général et les procureurs régionaux pourront aussi désormais décider seuls de "restreindre" l’accès à des sites d’informations faisant "la propagande de l’extrémisme".
Plusieurs médias d’opposition, dont l’influente chaîne Nexta qui avait coordonné la protestation de 2020, ont été classés comme des "sites extrémistes" par les autorités. L’ancien rédacteur en chef de Nexta, Roman Protassevitch, a lui été arrêté dimanche à Minsk après le détournement d’un avion de ligne à bord duquel il se trouvait, suscitant un tollé international.
La liberté de la presse contrainte par loi
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Interrogé par l’AFP, le porte-parole de l’Association des journalistes biélorusses, Boris Goretski, a dénoncé ces nouvelles lois conduisant "à l’éradication de ce qu’il reste de la presse indépendante". "Ces restrictions étaient pour beaucoup déjà appliquées dans la pratique mais maintenant elles seront inscrites dans la loi", a-t-il regretté. Selon son association, près de 30 journalistes sont emprisonnés en Biélorussie.
La semaine dernière, le site du principal média indépendant du pays, TUT.BY, a été bloqué et plusieurs de ses collaborateurs arrêtés. La plupart des journalistes travaillant pour des médias étrangers se sont eux vu retirer leurs accréditations, les privant du droit de travailler légalement.