La justice biélorusse a condamné lundi à 11 ans de prison l’opposante Maria Kolesnikova, une des figures de la contestation de l’été 2020, sentence qui vient couronner la répression de toute opposition au régime d’Alexandre Loukachenko.
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Sa condamnation et celle de son coaccusé, Maxime Znak, à dix ans de prison, ont été annoncées par le service de presse de Viktor Babaryko, un autre opposant emprisonné pour lequel ils avaient travaillé. Ils étaient jugés pour "complot visant à s’emparer du pouvoir" et d'"appels à des actions portant atteinte à la sécurité nationale".
L’Union européenne a dénoncé le "mépris flagrant" de Minsk pour les droits humains, dans un communiqué. L’UE réitère également son appel à la libération "immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques", y compris celles de Mme Kolesnikova et de son coaccusé Maxime Znak. L’Union européenne évalue le nombre de prisonniers politiques dans cette ex-république soviétique à "plus de 650", dans le communiqué publié par le porte-parole du chef de la diplomatie des Vingt-Sept, Josep Borrell.
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Le procès des deux opposants, incarcérés depuis 11 mois, avait commencé début août et s'est tenu à huis clos, si bien que peu de détails ont filtré, d'autant que la plupart des médias indépendants, ONG et mouvements d'opposition ont subi une répression inlassable depuis des mois.
Les avocats de la défense avaient, par ailleurs, interdiction de parler sur le contenu du dossier.
Selon des images diffusées avant le verdict par des comptes sur la messagerie Telegram, Mme Kolesnikova, cheveux courts, portant du rouge à lèvres, était souriante à l'audience, enfermée avec M. Znak dans la cage de verre réservée aux accusés.
Menottée, elle a formé, à l'attention des quelques médias pro-pouvoir autorisés, un coeur avec les mains, l'un des signes de ralliement de l'opposition.
Au début du procès, elle avait esquissé quelques pas de danse en signe de défiance au pouvoir de M. Loukachenko, aux commandes depuis 1994 et dont la réélection décriée en 2020 avait déclenché une contestation sans précédent.
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La candidate de l'opposition à ce scrutin, Svetlana Tikhanovskaïa a réagi sur Twitter à ce verdict, demandant "la libération immédiate de Maria et Maxime". "Il s'agit de terroriser les Bélarusses qui sont opposés au régime", a-t-elle estimé.
L'UE a elle dénoncé le "mépris flagrant" de Minsk pour les droits humains, quand Berlin a jugé cette condamnation "injustifiable" et Londres réclamé la fin de la "répression".
"Le courage de Maria qui a décidé de rester au Bélarus malgré une menace d'une lourde peine de prison, ne sera pas oublié", a souligné de son côté l'ONG Amnesty International dans un communiqué.
Maria Kolesnikova avait été incarcérée en septembre 2020 après avoir résisté de manière spectaculaire à une tentative des autorités de l'expulser de son propre pays.