Biélorussie, Bélarus ou Belarus ? On vous explique les différences

Même les drapeaux coexistent. À gauche le drapeau adopté à l’indépendance de l’Union soviétique en 1991, à droite celui utilisé depuis 1995 plus semblable à celui adopté sous l’URSS en 1951.

© Belga

Par Sarah Heinderyckx

Suite à l’élection présidentielle en Biélorussie, vous aurez sans doute entendu ou lu différents termes utilisés pour nommer ce petit pays enclavé entre la Russie, la Pologne, l’Ukraine et les pays baltes. Bélarus ou encore Belarus, sans accent, circulent régulièrement à côté de la Biélorussie. Comment l’expliquer ? La réponse est à la fois historique et politique.

Russie blanche

Officiellement, si l’on se réfère à la liste des pays membres de l’ONU publiée en français, le pays cité juste avant la Belgique est le Bélarus. En anglais, vous enlevez l’accent et cela donne Belarus. Mais dans beaucoup de langues, le nom de ce pays est traduit différemment. En néerlandais par exemple, on dit Wit-Rusland, littéralement "Russie blanche". Même principe pour l’allemand : Weißrussland. En français, cela donne Biélorussie, repris tel quel dans les dictionnaires de référence.

Étymologiquement, dans "Béla-rus", rus ne fait pas référence à la Russie, mais bien à la Ruthénie. Un vaste territoire qui comprenait au 12e siècle la Russie actuelle, le Bélarus et l’Ukraine, bien avant l’apparition de l’URSS ou de la Russie, donc.

Dans "Biélo-russie", il y a bien sûr une référence directe à la Russie, ce qui pose problème pour ceux qui ne veulent pas être associés au géant dont ils se sont officiellement séparés en 1991.

Péjoratif pour les nationalistes

Alexander Sjödin est chargé de programme chez Civil Rights Defenders, organisation de défense des droits de l’homme qui suit de près la situation en Biélorussie. Pour lui, plus qu’une simple question de vocabulaire, c’est un sujet politique très délicat.

"Pour beaucoup de Bélarusses, l’utilisation des termes Biélorussie ou Wit-Rusland laisse entendre que leur pays n’est rien d’autre qu’un dérivé de la Russie. C’est une question politique qui est surtout importante pour ceux qui craignent l’influence russe et s’inquiètent par rapport à la souveraineté du pays", explique Alexander Sjödin.

Chacun fait son choix

Ce spécialiste nous précise d’ailleurs que le gouvernement suédois a décidé en novembre dernier d’utiliser Belarus plutôt que Vitryssland (également traduit par Russie blanche). Sur twitter, la ministre suédoise des Affaires étrangères explique : "Le ministère des Affaires étrangères utilisera le terme Belarus au lieu de Vitryssland. Nous faisons cela pour reconnaître la volonté du peuple bélarusse, de la société civile et de la diaspora de mettre l’accent sur l’identité nationale et la souveraineté de leur pays".

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Et chez nous? Le ministère belge des affaires étrangères utilise le Belarus, sans accent.

En France, c'est le terme Biélorussie qui domine. Un article de nos confrères d'rtl.fr de 2016 évoque d'ailleurs une justification de l'Académie française contactée par leurs soins : "On parle de l'Angleterre, pas de l'England, de l'Allemagne, pas de la Deutschland, de Turin, pas de Torino", explique Patrick Vannier, du service dictionnaire dans l'article.

Un choix également opéré par la plupart des grands médias français, et donc aussi, par la RTBF.

La répression en Biélorussie inquiète (JT du 13/08/2020)

Biélorussie: une répression qui inquiète

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