L’écrivain et artisan aborde sa vie et celle de sa grand-mère dans son dernier livre 'Ombre portée' (Lattès). Et si c’était cette femme, d’aspect austère et qu’il n’a pas connue, qui lui tenait la main quand il écrit ? Dans une autofiction où le réel va plus loin que l’imaginaire, Bernard Tirtiaux nous ouvre son univers, plein de lumières et de sons, de transparences et d’opacités, d’êtres de chair et de fantômes.
Une rencontre avec Bernard Tirtiaux
dans sa ferme de Martinrou.
C’est l’histoire d’une famille et d’un domaine : une grande ferme carrée de Wallonie, dominant la plaine de Waterloo dont l’origine remonte au VIIIe siècle. Détruite durant la Seconde Guerre mondiale, amputée de ses terres agricoles, elle va revivre peu à peu sous les mains de bâtisseur de Bernard Tirtiaux, qui la rachète à sa famille et la reconstruit brique après brique, pour y créer son atelier de maître verrier ainsi qu’un centre dédié aux arts.
Mais les fantômes du passé continuent de hanter les lieux. Bernard Tirtiaux se lance à la recherche des secrets de sa grand-mère, Hermine, une quête qui l’aidera à se trouver lui-même. Il lève le voile sur sa part d’ombre, son amour pour la lumière et sa passion pour la transmission.
L’ombre portée, c’est l’ombre que j’ai portée. Moi qui travaille toujours la lumière, cette ombre, à un moment donné, je me suis rendu compte que je devais l’identifier. Elle était là. Le verre est un peu ma thérapie. C’est avec le verre que je repousse les ombres. On a aussi tous les gens qu’on aime autour de nous, qui nous aident à nous sauver de ça.
Jusqu’ici, Bernard Tirtiaux était toujours resté dans la fiction, si l’on excepte sa poésie. Mais il était important pour lui de faire ce récit à ce moment de sa vie. C’est un roman qui parle de la vie, avec, en filigrane, le fantôme de sa grand-mère qui continue à habiter la maison. Une grand-mère très idéaliste, qui a hébergé et nourri de nombreux enfants juifs pendant la guerre, mais n’a pu hélas empêcher la déportation de nombre d’entre eux. Elle meurt dans un accident de la route, à l’endroit où Bernard Tirtiaux sera lui-même blessé plus tard.
Il y a quand même au fond de tout ça une sorte de mouvement invisible de ceux qui nous ont précédés, de la vie qui nous a précédés.