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Belgique : la détresse physique et mentale des demandeurs d’asile

La détresse physique et mentale des demandeurs d’asile

© Françoise Berlaimont RTBF

Tuberculose, diphtérie, gale : le rapport de l’Inspection sanitaire demandé par Cécile Jodogne, la bourgmestre de Schaerbeek, est accablant, pour la secrétaire d’Etat chargée de l’Asile et des migrations.

Pas moins de 700 demandeurs d’asile, dont des mineurs isolés (Mena), occupent un ancien immeuble de bureaux rue des Palais. Le bâtiment est inapte à héberger des personnes. L’état de santé physique mais aussi mental des personnes exilées préoccupe tous les intervenants sur le terrain, et pas seulement dans le squat schaerbeekois.

Un risque sanitaire et une détresse psychologique graves

Les médecins ont identifié plusieurs cas de tuberculose, des cas préoccupants de diphtérie cutanée ainsi qu’une très grande propagation de la gale, avec un risque de surinfection au sein du bâtiment.

En outre, les conclusions indiquent la présence supposée de cas de tuberculose supplémentaires non détectés et des risques accrus de développement de cas de diphtérie pulmonaire et d’apparition future de cas de poliomyélite. En dehors des maladies infectieuses, les médecins interpellent également sur l’état de santé mentale particulièrement préoccupant des occupants.

Le rapport confirme que sans travaux lourds, un suivi sanitaire rapproché et continu, et des apports matériels importants, le risque est réel de faire empirer la situation sanitaire déjà critique.

"L’écrasante majorité des personnes présentes disposent de l’annexe 26, ce qui les place directement sous la responsabilité du gouvernement fédéral", a commenté Cécile Jodogne. Pour la bourgmestre de Schaerbeek, "seuls un relogement et un accompagnement sanitaire organisés par Fedasil permettraient d’éviter une situation encore plus chaotique".

Un parcours éprouvant sans issue

Des personnes en détresse physique et mentale, les travailleurs et bénévoles du hub humanitaire en voient à longueur de journée. Noémie Potalivo est juriste au SISA, le Service d’Information sociale et administrative de la Plateforme citoyenne. Les traumatismes sont importants.

"Ces personnes ont déjà vécu un parcours d’exil éprouvant, pendant un, deux ou parfois trois ans avant d’arriver en Belgique. Beaucoup ont subi des coups, des tortures, des viols. Ils ont été menacés par la police, enfermés. Ils pensaient trouver la sécurité en Belgique et c’est tout le contraire qui se passe", explique-t-elle.

Ces personnes qui cherchent un refuge sont majoritairement originaires d’Afghanistan, d’Erythrée et de Somalie. "Ils ont été forcés de donner leurs empreintes ou de demander l’asile dans l’un des pays aux frontières de l’Europe. Ils se retrouvent ainsi "dublinés" dans ces pays. Mais en Hongrie, en Bulgarie, en Grèce, en Italie, ils n’ont accès ni aux soins médicaux, ni à l’aide alimentaire, ni à un logement", poursuit la juriste du SISA. Ces personnes vont donc poursuivre leur chemin d’exil vers d’autres pays. Les directives de l’Europe sont censées être appliquées partout de la même façon, mais c’est loin d’être le cas.

En Belgique, sans l’aide de la plateforme citoyenne et des organisations non gouvernementales, la situation des personnes exilées seraient encore pire, alors que les températures passent la nuit sous zéro degré. Les procédures sont longues et incertaines.

"L’Office des Etrangers renvoie quasi systématiquement les demandeurs d’asile vers le pays où ils ont été "dublinés", alors qu’ils ne souhaitent pas y rester. Ils risquent à tout moment d’être arrêté et placé en centre fermé pour être expulsé. Mais il faut l’accord du premier pays. Le système ne fonctionne pas", constate Noémie Potalivo, comme tous les travailleurs de terrain. En 2021, seulement 429 personnes ont été effectivement transférées, sur 9808".

L’incertitude au jour le jour, survivre dans la rue, être malade, rejeté de partout et n’apercevoir aucune perspective de solution précipitent ces gens dans un désespoir sans fin : " On en voit sombrer dans l’alcool et la drogue, en étant souvent impuissant à les aider", reconnaît la juriste du hub humanitaire.

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