Belgique

Belgique : indécision atomique chronique

Philippe Walkowiak

© RTBF

Par Philippe Walkowiak

À force de ne pas vouloir décider, la décision ne finit-elle pas par s’imposer d’elle-même ? ou plus inquiétant, l’indécision mène-t-elle au vide ?

La Belgique (via une coalition libérale-socialiste-écologiste) a coulé dans une loi, en janvier 2003, le principe d’une sortie complète du nucléaire. Cette loi n’a jamais été abrogée par les gouvernements successifs (sans écologistes, à noter). Simplement, la sortie a été postposée à 2025 avec un recours massif aux centrales à gaz en compensation, décidé sous le gouvernement Michel.

Aujourd’hui, on convient qu’il faut décider. Enfin, peut-être… si c’est possible… sinon, on verra bien.

Changements de paradigme

Le gouvernement De Croo aurait déjà dû trancher en novembre dernier. Si du côté du MR, on insistait déjà sur une prolongation du nucléaire (pour des raisons d’émission de C0² à l’époque), la guerre en Ukraine va permettre aux écologistes d’effectuer un revirement sous couvert de l’actualité. Rétrospectivement, on pourrait presque dire, au vu de l’actualité, que la Belgique a bien fait de ne pas choisir l’option " plein gaz " l’automne dernier !

Plus sérieusement, la situation actuelle modifie les perceptions, rendant plus importante l’indépendance énergétique, tout en maintenant le cap du " 100% renouvelable en 2050 " fixé par l’Europe. Les cartes ont été rebattues, une autre réalité s’impose.

Choisir, c’est renoncer

Quelle option énergétique pour après 2025 ? Encore et toujours. À force de remettre l’heure du choix, les réalités changent et les difficultés augmentent. Il en est ainsi depuis 2003 comme depuis l’automne dernier, d’autant qu’un bras-de-fer s’est engagé entre les partenaires de la majorité. Le MR sauce Bouchez entend tordre le bras des écologistes sur le nucléaire. L’actualité vient de plus conforter l’option choisie depuis plus d’un an par les libéraux francophones.

Les Verts réalisent que le plan initial est à revoir : comme annoncé ici en septembre 2020, il faudra bien avaler la couleuvre du maintien du nucléaire.

En échange, les écologistes entendent " obtenir " de lourds investissements dans le renouvelable. Le Premier ministre y semble plutôt favorable et les socialistes gardent un œil attentif sur une filière créatrice d’emplois.

Mais même en cas d’un hypothétique accord, les obstacles restent très nombreux : Engie se retrouve en position de force, le coût risque d’être exorbitant et cela passe par une nouvelle loi et une enquête publique auprès des citoyens des pays voisins qui généralement, restent méfiants vis-à-vis du " vieux " nucléaire.

Mais comme souvent, chez nous, l’indécision reste un choix.

@PhWalkowiak

 

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