Ce n'est pas aussi simple qu'un programme informatique qu'on désinstalle
Mais le terme de "déradicalisation" dérange dans la communauté scientifique. Pour Serge Garcet, spécialiste de la victimologie et professeur à l'Université de Liège, "ce n'est pas aussi simple qu'un programme informatique qu'on désinstalle. Les interactions avec notre environnement nous transforment au fil du temps. Il n'y a donc pas une solution transversale applicable aux jeunes dans l'ensemble. Beaucoup de temps et beaucoup d'échecs seront nécessaires pour arriver à un résultat. Sans compter qu'il faudra établir des critères pour dire qu'une personne n'est plus radicalisée."
Il n'empêche, pression des citoyens oblige, les différents gouvernements proposent les uns après les autres leurs solutions - si possible miracles - pour contrer la radicalisation. Tour d'horizon, de la Belgique au Danemark en passant par l'Allemagne et les Pays-Bas.
En Belgique, les réponses à la radicalisation varient selon le niveau de pouvoir, du fédéral aux Régions, en passant par les communes elles-mêmes.
Parmi les initiatives à venir, celle de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB). Inspirée par ce qui se fait au Canada, la Fédération compte mettre en place un "centre d'aide et de prise en charge des personnes concernées par tout radicalisme menant à la violence". "Ce centre, localisé au sein de l’Administration générale des Maisons de justice, sera joignable sept jours sur sept au-delà des heures de bureau. Dix-sept personnes seront engagées pour mener à bien la mission", expliquait en janvier 2016 Rachid Madrane, le ministre de l'Aide à la Jeunesse.
Contacté, le ministère de l'Aide à la jeunesse ne donne pas encore de date précise pour la mise en place du système. Tout juste parle-t-on de "début 2017". Quant au recrutement des criminologues et psychologues qui apporteront leur expertise, il est toujours en cours.
Le modèle danois, en particulier celui mis en place dans la ville d'Aarhus, a longtemps intéressé les États confrontés à des cas de radicalisme. Dans ce pays, chaque ancien djihadiste est accompagné par un mentor. "[Notre] programme est un travail de prévention, basé sur la coopération entre la police, les services sociaux de la commune et les intéressés", expliquait en novembre 2015 à La Libre Belgique Joergen Ilum, le directeur de la police de la région d’Aarhus. Celui-ci était pourtant forcé de reconnaître que "ce n’est pas une garantie à 100 % contre la radicalisation".
Car, si le nombre de candidats au djihad a baissé ces derniers mois, le phénomène n'est pas complètement endigué. En avril dernier, la police danoise a annoncé l'arrestation de quatre personnes soupçonnées d'avoir rejoint le groupe terroriste Etat islamique en Syrie (EI).
En Allemagne, la lutte contre le radicalisme passe par des associations telles que "Hayat" à Berlin. Le but est ici d'accompagner les jeunes radicalisés ainsi que leur famille. Selon des chiffres fournis par Hayat, et repris par des chercheurs, 36 personnes sur 170 étaient considérées comme "déradicalisées ou en voie de déradicalisation" début octobre 2015. 39 autres dossiers ont été classés sans suite.
Malgré des moyens financiers importants investis contre la radicalisation, la Grande-Bretagne a essuyé échec sur échec. Une situation mise en évidence dans une enquête réalisée début 2016 par la rédaction londonienne de France 2 (à voir en intégralité dans la vidéo ci-dessous).
En août dernier, la BBC indiquait qu'environ 850 Britanniques avaient quitté leur foyer pour se rendre en Irak et en Syrie. La moitié d'entre-eux sont depuis revenus dans le pays.