Faut-il rapatrier les Belges partis mener le djihad en Syrie ainsi que leur famille? La question était au cœur d'un conseil national de sécurité tenu ce mercredi. Ils sont 55 adultes et 69 enfants, selon l'OCAM, l'organe de coordination pour l'analyse de la menace favorable au rapatriement, de même que le parquet fédéral. Pour le gouvernement belge par contre, cette option est trop compliquée et trop risquée. Alors quelle attitude privilégier? Trois invités sur le plateau de CQFD pour en débattre: Thomas Renard, spécialiste des matières terroristes à l'Institut Egmont, Madeleine Guyot, conseillère du Délégué général aux droits de l'enfant et Michel De Maegd, député MR.
Rapatrier fait partie de la lutte contre le terrorisme
Madeleine Guyot regrette que le rapatriement ne soit pas retenu par le gouvernement fédéral. "C'est une tragédie. Cela fait plus de deux ans que nous réclamons un rapatriement d'urgence de tous les enfants et de leurs mères de manière sécurisée. Rapatrier fait pourtant partie de la lutte contre le terrorisme, ça permet de gérer ces individus". Et la conseillère du Délégué général aux droits de l'enfant l'assure: les mères sont prêtes à purger leur peine en prison et la prise en charge psychosociale pour les enfants est prévue.
"Ce n'est pas aussi facile", répond Michel De Maegd, qui ne conteste pas la nécessité d'avoir une approche humaine de cette réalité mais l'oppose à ce qu'il appelle "l'éthique de la responsabilité". Le député libéral rappelle que des rapatriements ont été réalisés l'été dernier, lorsque les conditions de sécurité étaient réunies. "Aujourd'hui, c'est un pays sous les bombes (...) Nous avons perdu toutes les connexions, tous les réseaux de contacts avec la Syrie. Comment préparer une exfiltration d'enfants et de leurs mères, dans ces conditions, dans un pays en état de guerre?", s'interroge-t-il.
Possibilités d'actions sur place
Thomas Renard le concède: organiser une opération de rapatriement dans ces conditions est très compliqué. "Mais c'est une situation qui était entièrement prévisible", dit-il, en précisant que la majorité des Européens se trouvent en dehors de la zone la plus touchée par l'offensive turque.
"Il y a encore un certain nombre de camps et de prisons tenus par les Kurdes, capables d'y tenir la sécurité, donc à ce niveau-là, il n'y a pas de souci pour opérer un rapatriement". Enfin, le spécialiste rappelle que la Turquie est un allié au sein de l'OTAN: "on pourrait par exemple imaginer y mettre sur pieds des couloirs humanitaires".