Cinquième volet de notre série Sur les routes cachées de notre argent. Celui-ci va nous amener à la plus étonnante révélation de cette enquête. Vous avez déjà vu un conseiller en communication d’un groupe industriel admettre sans sourciller l’exploitation de mineurs d’âge par ses sous-traitants? C’est ce qui nous est arrivé au Cameroun (voir vidéo ci-dessous). On reprend l’histoire depuis le début. Tout commence dans une banque.
Il y a des promesses sur papier qui sont séduisantes. Les investissements socialement responsables sont censés être les fers de lance du respect de l’environnement, des droits sociaux et de la bonne gouvernance. La crème de la crème.
Lors de notre mystery shopping début 2019, nous avions poussé les portes d’une agence Belfius avec la volonté d’investir 5000€ de manière éthique. L’employé nous conseille une assurance-vie. Dans ce produit appelé Kite, il y a une catégorie "Sustainable" (NDLR : durable). Elle investit dans 4 fonds de placement différents. L’un d’eux se nomme Value Square Fund Equity World.
Dans le rapport semestriel du 30 juin 2019, on trouve un investissement pour un montant de 6.217.317€ dans Socfinaf. La branche africaine de Socfin, la Société Financière des Caoutchoucs. C’est une multinationale luxembourgeoise active dans l’huile de palme. Elle est détenue à 54,24% par le Belge, Hubert Fabri et à 38,75% par le milliardaire français, Vincent Bolloré.
Depuis de nombreuses années, le groupe est pointé du doigt par plusieurs Organisations Non Gouvernementales parmi lesquelles CNCD-11.11.11, FIAN Belgium, Financité, Entraide et Fraternité, AEFJN et FairFin. Ces associations mettent en avant de nombreuses dérives du groupe telles que des mauvaises conditions de travail, l’accaparement de terres, la pollution…
Fin 2019, Socfin a attaqué quelques-unes d’entre elles en justice pour calomnie, diffamation, injure-délit et atteinte à l'intimité de la vie privée. En réalité, c’est presque devenu une habitude. Ce groupe et ses partenaires dont Vincent Bolloré ont intenté par le passé environ une vingtaine de procédures en diffamation contre des reportages ou des rapports d’ONG. Le terrain est miné. Nous allons pourtant l’arpenter comme d’autres médias par le passé (Mediapart, Libération, Complément d’enquête, Médor…).