Pour les banques et les opérateurs télécoms, il faut aussi trouver le moyen de se différencier des concurrents. "Ce sont deux secteurs qui sont de plus en plus des commodités. Quelle que soit la banque où je vais et quel que soit l’opérateur où je vais, je reçois à peu près la même chose. Donc, le fait de développer une offre conjointe peut permettre à ces opérateurs de se distinguer et d’offrir des choses nouvelles qu’ils ne pouvaient pas offrir avant quand ils étaient seulement une banque ou un opérateur téléphonique", explique Benoît Gailly, Professeur en Stratégie et gestion de l’innovation à la Louvain School of Management de l’UCLouvain.
Qui plus est, les banques et les opérateurs de télécoms sont obligés de se réinventer car ils sont mis sous pression par les opérateurs digitaux, qu’il s’agisse des Gafam, les géants de l’internet, ou des start-up qui offrent des services concurrents.
Ici, pour le client, on est en présence d’une nouvelle offre bancaire adossée à un acteur, Belfius, que les Belges connaissent, à la différence de nouvelles banques ou applications aux origines plus inconnues. "C’est comme une néobanque, mais avec la garantie que derrière, il y a un acteur qui est Belfius qui a ses licences en ordre en Belgique et a pignon sur rue ", explique Nicolas Van Zeebroeck, Professeur en Economie et Stratégie numérique à la Solvay Brussels School of Economics, à l’ULB.
De la croissance hors des activités de base
Pour ces opérateurs bancaires ou de télécoms, il faut aussi chercher de la croissance en dehors des activités de base. On a ainsi vu Orange, en France, tenter l’aventure de la banque et des opérateurs de télécoms offrir des services dans la santé ou la domotique, par exemple. Et pour les banques, l’idée est de plus en plus de "se servir de sa position comme banque et de sa relation privilégiée avec ses clients pour construire une espèce d’écosystème ou de plateforme qui prend une place grandissante dans la vie des gens", explique Nicolas Van Zeebroeck, de la Solvay Brussels School of Economics, à l’ULB. Ici, Proximus et Belfius "se sont entendus pour créer une niche sur le marché belge", analyse Nicolas Van Zeebroeck.
Pour Benoît Gailly, Professeur en Stratégie et gestion de l’innovation à la Louvain School of Management de l’UCLouvain, le partenariat vise aussi une conquête de la clientèle. "Depuis longtemps, la bataille de l’internet banking est liée à qui possède le client. Est-ce que c’est la banque, est-ce que c’est l’opérateur mobile. Ici, c’est une manière de se partager le gâteau. On possède ensemble le client", explique Benoît Gailly.
Avec cette application, Proximus et Belfius proposent ce qu’elles appellent du "slow banking". Elles titillent l’intérêt du public pour tout ce qui est "durable". "Ils ont choisi un positionnement qui est assez opportunément au goût du jour, à la frontière entre le digital et l’environnement, soit les deux grandes tendances de la décennie et certainement celle à venir", explique Nicolas Van Zeebroeck.
Bref, une manière de rompre avec l’image des banques d’avant et "d’empêcher les nouveaux entrants dans cette industrie de tirer les lauriers", poursuit Nicolas Van Zeebroeck qui souligne aussi la montée en puissance des néobanques et des cryptomonnaies qui permettent de court-circuiter les banques classiques.