Né à Monrovia d’un père diplomate et d’une mère d’origine sénégalaise, Bea Diallo a vécu l’essentiel de sa vie en Europe. Paris, d’abord, puis Bruxelles. Sixième d'une fraterie de neuf enfants, il ne se prend pas pour un exemple et pourtant il peut l'être. Son parcours, celui d’un homme qui a mis plusieurs fois ses adversaires au tapis, qui a réussi en politique et qui rêve aujourd’hui d’un monde meilleur, parle pour lui.
Son nom, Lansana Bea Diallo, il le doit à la visite, le jour de sa naissance, du ministre guinéen de l’Économie, Lansana Béavogui, futur Premier ministre et président par intérim…
Dès son enfance, Bea Diallo a connu la violence et le racisme.
A Paris, lors d'une attaque par un groupe de skinned, un de ses amis a été grièvement blessé et a perdu un oeil. Bea en a perdu la voix pendant plusieurs semaines. Il devient alors ultra violent et raciste.
A 10 ans, il se fait appeler le " Robin des Bois des temps modernes ". Il veut aider son prochain, vole dans les magasins pour donner à manger aux SDF. Son papa le remet sur le droit chemin.
Cette spirale de la violence aurait pu mal se terminer. Sa force de caractère et le déménagement à Bruxelles, où son père est muté en 1985, l'ont sans doute sauvé.
Bea Diallo commence la boxe à 16 ans. Il se rend un jour dans une salle de boxe " socialement et racialement mixte ". Il ne sait pas s’il veut être un exemple pour les jeunes mais il leur dit d’arrêter de se plaindre et de se trouver des excuses. Il a vécu, comme eux, cette situation. Il parle d'expérience. Il a aussi subi des contrôles policiers. Ce n’est pas une raison pour les accabler en bloc. Il veut montrer aux jeunes qu’il est possible de devenir quelqu’un, d’où qu’on vienne en réalisant ses rêves. À l’école, on n'apprend pas aux jeunes à entreprendre. Or tous les jeunes sont des entrepreneurs dans leur manière d’être. " Chacun peut être l’entrepreneur de sa propre réussite. C’est important de le leur dire ! ".
La boxe lui a permis de s’affirmer et lui a appris que la vie est un combat au quotidien. Elle lui a aussi appris à respecter les règles, ce qui est le cas sur le ring. Grâce à elle, il a pu affronter et franchir beaucoup d’obstacles.
Le message qu’il veut faire passer, c’est qu'il ne faut pas répondre de la même manière aux injures et au racisme. Enfant, il agissait en rendant les coups, et cela ne faisait qu’accentuer le racisme.
Il crée des sociétés dans les affaires mais il dit aussi :
Ma révolte, je l’ai domptée par le sport …
Le sport l’a énormément aidé. Mais on peut également s'épanouir dans le théâtre ou dans la musique. Pour Bea Diallo ça a été la boxe avec des règles acceptées. Au début, lors de ses combats il se faisait battre alors que dans la rue, il était très fort. S’il ne s’entraînait pas, il n'y arrivait pas. Avec détermination et abnégation, il a fini par y arriver.
En 2004, il s’engage en politique : deux fois parlementaire, échevin à Ixelles. Il a débarqué enthousiaste avec plein d'idées mais en définitive, il se rend compte qu'il y a énormément de freins. La discipline de groupe, la couleur politique, la solidarité avec la majorité… Or lui, ce qui l’intéresse, ce sont les gens, l’intérêt collectif, pas le sort du parti. Il a fait le tour après deux mandats.
En 2009, Bea Diallo fonde Émergence XL qui a pour objectif l'insertion socio-professionnelle des jeunes en décrochage par l'outil du sport. ... L'ensemble des activités d'Emergence XL se structure en 2 volets qui partagent une même valeur, celle du sport.
Bea Diallo est désormais un homme heureux et sa plus grande richesse, c’est de voir les autres autour de lui heureux. Il a trouvé un équilibre entre son pays d’adoption et son pays d’origine. La Belgique lui a beaucoup donné.
Ma richesse, c’est d’avoir donné. J’aurais pu être très riche, mettre beaucoup d’argent de côté. Mais aurais-je été plus heureux ? Je ne pense pas. Je me suis toujours relevé ; cela fait partie de ce grand voyage.