Le coup de cœur BD taillé pour Classic 21, un livre carré comme un 33 Tours. Il aurait eu 80 ans cette année : Jimi Hendrix, le plus grand ''guitar hero'' de l’histoire du rock, se dévoile sous un jour inédit dans une biographie graphique particulièrement brillante, parue chez Glénat.
Même si le génie de la guitare est parti très jeune, sa courte vie méritait amplement de remplir deux volumes très denses d’un peu plus de 80 pages dont le premier s’achève en 1966, alors qu’il quitte les États-Unis pour rejoindre Londres. Londres, le lieu où Jimi Hendrix pourra renaître, mais aussi celui où il décédera un peu plus de trois ans après son arrivée, mais ça, ce sera pour le second volume, donc. Ce premier ouvrage raconte quant à lui les 24 premières années d’une légende. 24 années de galères, d’obstination, de vaches maigres et d’espoirs brisés. Car s’il est une évidence, à la lecture de ce premier volume, c’est que la thèse choisie par les auteurs est celle d’un artiste maudit, marqué par la pauvreté et une certaine malchance à ses débuts.
On peut dire qu’il a tiré le diable par la queue avant de finalement réussir à percer, Hendrix, c’est l’homme qui s’est fait tout seul. Sans la guitare, il n’aurait peut-être pas survécu à une enfance et une adolescence difficile, dans une famille marquée par l’alcool, la précarité et la violence. Mais c’est sans doute parce qu’il a grandi comme une mauvaise herbe et parce qu’il a sans cesse voulu prouver à son père qu’il n’était pas un loser que le guitariste s’est fait un caractère en acier trempé. Cela lui a permis de s’arc-bouter à son rêve et de ne faire qu’un avec son instrument. Dans cette biographie, on le découvre farouchement libre, mais aussi indiscipliné et instable, ne cessant de se faire jeter d’un impressionnant nombre de formations, jouant les faire-valoir ou les bouche-trous, parfois les têtes de turc, amant infatigable peu préoccupé de morale ou du bien-être de ses conquêtes mais que son appétit pour les femmes a mis plus d’une fois en danger.
Une biographie dessinée, c’est d’abord un parti pris graphique. Et ici, il ne peut que séduire. Mezzo n’en est pas son coup d’essai. Ce dessinateur surdoué s’appuie sur de grands auteurs américains parmi lesquels Charles Burns, dont son style affiche clairement la filiation. Mezzo est un virtuose du noir et blanc, son noir est profond, omniprésent, comme s’il travaillait à la carte à gratter. Découpage rigoureux, recherches minutieuses pour restituer l’époque et les lieux traversés par Hendrix, l’album explose d’une énergie créatrice absolument fascinante. Entre la mystérieuse voix off qui ne dévoilera son identité que dans le volume 2 et le dessin spectaculaire de Mezzo, on ne peut qu’être enthousiasmé par ce Kiss the sky, qui paraît donc chez Glénat.
''Kiss the sky, Jimi Hendrix 1942-1970, Volume 1'', par J.M. Dupont et Mezzo, chez Glénat