Jean-Michel Basquiat est mort à 27 ans, foudroyé par la drogue mais aussi, par la fulgurance même de sa vie, de son succès. Jeune New-yorkais d’origine haïtienne de par son père et portoricaine de par sa mère, il est très vite encouragé par celle-ci à approfondir ses talents de dessinateur. Ces mêmes parents ont également créé en lui de nombreuses zones d’ombre. Sa mère a fait de fréquents séjours en hôpital psychiatrique et son père à défaut de tendresse, lui offre une autorité redoutable, le poussant très vite au vagabondage.
Il a 17 ans quand il choisit les rues de New-york comme domicile. Il vend des vêtements, des cartes postales qu’il dessine. Et alors que Keith Haring envahit les murs new-yorkais de ses "radiant babies", Basquiat appose avec ses amis, ses messages à proximité des galeries, les signant du pseudo SAMO "Same Old Shit", d’une couronne et du signe copyright. C’était en 1976 et commence pour lui, la notoriété qui le ravit, l’emporte et l’agace. Ces mêmes messages finissent, signés, d’un "Samo in dead". Il a été, à 22 ans, le plus jeune et premier artiste noir invité à la Biennale du Whitney Museum.
Basquiat,artiste prolifique et polyvalent, était tant attiré par un certain classicisme, un mysticisme, les mystères de l’anatomie humaine, le sens et la forme des mots, la musique, la politique, l’affirmation de sa "négritude", la télévision, la rue dans son intemporalité et sa violence… donnant à ses œuvres un rythme, une universalité qui traverse incroyablement facilement le temps pour quelqu’un qui a si bien définit l’Underground. Mélange de douceur, presque de naïveté et de flamboyance, de révolte mais aussi du bling bling d’antan, du star système.
Et probablement se serait-il amusé de la reconnaissance et de l’incroyable casting du film réalisé sur sa vie, en 1996, par le peintre Julian Schnabel. Amusé également de retrouver ceux qu’il a connu : Julian Schnabel, Vincent Gallo, David Bowie, Dennis Hopper… J’avais 20 ans quand j’ai vu ce film, en pleine New-Yorkmania, qui ne m’a d’ailleurs, jamais quittée. Je connaissais certaines de ses œuvres dont j’aimais la sensibilité, la contestation et aussi une certaine rudesse. Basquiat n’était pas que dans la révolution. Malgré la bohème et le grand désordre apparent de sa vie, on sent également la détermination, l’ambition voire l’arrogance.