Le canon en musique c’est quand deux mêmes mélodies se suivent – l’exemple le plus célèbre c’est '' Frère Jacques '' ; typiquement un premier chanteur commence '' Frère Jacques…'', et quand il arrive à '' Dormez-vous…'', un 2e chanteur recommence au début, on peut faire ça à plusieurs et c’est rigolo je vous conseille d’essayer chez vous à l’occasion. En musique classique il existe un monsieur qui s’appelait Johann Pachelbel, c’était un compositeur baroque, il a composé un canon, et comme le baroque ne meurt jamais, eh bien ce canon il est devenu célèbre !
Si le nom de Pachelbel ne vous dit rien, la musique parlera pour elle-même :
Pauvre pauvre Pachelbel, parce que vous savez, il a écrit des choses magnifiques, cet homme-là : pour l’orgue, le clavecin, des messes, des préludes, des chacones, des toccatas… Et tout ce que l’histoire a vraiment retenu, c’est ce canon. Le maître incontesté du canon à la base c’est Jean Sebastien Bach (toujours premier de classe), mais Pachelbel connaissait bien la famille Bach et à un moment il a dû avoir envie de copier sur son voisin et voilà. Le titre en entier pour les amateurs, c’est '' Canon et gigue à 3 parties '' sur une basse obstinée en Ré Majeur pour cordes et basse continue (il était musicien mais pas vraiment poète) – ce n’est pas la plus belle de ses pièces, par contre c’est la plus populaire, et elle s’est incrustée du coup dans la mémoire collective. Et quand je dis incrustée, ça veut que de temps en temps, elle nous arrive dans la tête, on ne sait pas pourquoi, on sait pas d’où elle vient, c’est comme si elle avait toujours existé en fait.
Et c’est sûrement ce qui a dû arriver à Gary Brooker, le leader de Procol Harum, un jour en répétition, il avait ce canon dans la tête et pour s’en débarrasser, il a commencé à le jouer, et ça a donné une chanson, bien sûr ; une chanson qui après quelques secondes part complètement ailleurs, mais qui est née sur le canon de Pachelbel, c’est la chanson '' Sunday Morning '' sur l’album '' Novum ''.
C’est vraiment au tout tout début de la chanson qu’on entend le canon de Pachelbel qui a servi de point de départ pour Procol Harum sur ce titre. Alors là, c’est chouette, c’est fait avec bon goût, on peut le dire, mais comme je vous le disais, il y a cette mémoire collective, qui fait que ce canon on le retrouve dans d’autres chansons, avec des styles différents. Y a la version de Demis Roussos, dans la chanson " Que je t’aime " ; il y a une version japonaise aussi toute mignonne mais on comprend pas ce que dit la dame, Ménélik l’utilise aussi, dans " Je me souviens ", et sinon il y a la version complètement déjantée d’un groupe canadien de punk celtique qui s’appelle Irish Moutarde – ça donne ça :
Voilà encore un exemple que le '' Canon de Pachelbel '' n’a pas fini de résonner dans les playlists et qu’il y en a pour tous les goûts. D’ailleurs, à cause de moi ou grâce à moi peut-être que vous aussi vous aurez envie de composer quelque chose à partir de ce fameux canon. Et si vous le faites, évidemment, ne gardez pas ça pour vous, envoyez-le à Classic 21 et j’en ferai une future chronique !
Où sont les points communs entre Bach et les Beach Boys ? Entre un chanteur lyrique et un adepte du chant guttural ? Dans baroque, il y a " rock " : chaque semaine, Barock Never Dies dévoile les généalogies de célèbres titres rock qui ont puisé avec talent dans le répertoire de la musique classique.