Personne ne sait comment va évoluer la demande, et Jeff Mottar s’inquiète. "Les stocks en grandes surfaces, c’est une chose. Mais nous espérons aussi que l’industrie alimentaire – 28% des dons que nous recevons quand même –, elle, va pouvoir tenir le coup, continuer à produire et suivre la demande. Car le secteur a aussi un taux d’absentéisme important."
… mais surtout sanitaire
"Aussi", car les associations doivent faire face directement à la crise sanitaire. À la Porte Verte-Snijboontje de Molenbeek-Saint-Jean, trois travailleurs sociaux sur les quarante sont absents, un quatrième s’est retiré préventivement étant donné qu’il présente des problèmes respiratoires chroniques. À la Croix-Rouge, tous les bénévoles de plus de 65 ans ont été invités à cesser leurs activités car, selon Nancy Ferroni, "c’est se mettre en danger soi-même". Conséquence : une des trois épiceries bruxelloises, celle de Schaerbeek, a dû fermer. "Un coup dur", admet la porte-parole qui précise que toutes les familles aidées à cette locale ont toutes été contactées par téléphone. Une autre épicerie se chargera de les livrer.
Aux Banques Alimentaires, c’est aussi un énorme problème. Moins de bénévoles actifs – ils ont souvent plus de 65 ans – c’est moins d’activité, si bien que les neuf établissements du pays tournent à 80% de leurs capacités. "Nous avons fait un appel à des nouveaux bénévoles pour venir nous aider et je dois dire que c’est un succès, nous avons beaucoup d’appels", se réjouit Jef Mottar.
N’empêche, partout, fournir le matériel de protection est une priorité. Et pas toujours facile de s’y tenir. "Il y a des urgences pour tous nos bénévoles de terrain, clame Nancy Ferroni. Eux aussi ont besoin de masques, de gels désinfectants. Tout cela se raréfiant, c’est très compliqué de maintenir nos activités. Comment fait-on pour maintenir les distances de sécurité quand il y a quatre bénévoles en même temps dans une pièce dédiée à la préparation des colis ?"