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Baisse de prix en grande distribution : l’arbre qui cache la forêt ?

Par Jean-Christophe Willems

Jusqu’à 100 baisses de prix chez Carrefour, 250 chez Lidl et plus de 400 chez Aldi depuis le début de l’année : c’est ce que l’on peut appeler "de bonnes nouvelles". Dans les faits, ces baisses sont confirmées en rayons, à grands coups d’affichettes bien visibles. D’ailleurs, le consommateur ne s’y est pas trompé puisque certains produits sont déjà temporairement en rupture de stock, comme l’illustre la photo ci-dessous.

Chez Carrefour, on justifie cette baisse structurelle (il ne s’agit donc pas de promotions limitées dans le temps) par "des renégociations avec les fournisseurs suite à des diminutions de prix de certaines matières premières", selon Siryn Stambouli, la porte-parole. Mais attention aux effets d’annonce. Car il est évidemment plus facile d’appâter le chaland en annonçant des baisses de prix spectaculaires qu’en communiquant sur les hausses constantes depuis plus d’un an…

Difficile de passer à côté de l’annonce : les prix baissent ! Enfin, certains du moins.
Difficile de passer à côté de l’annonce : les prix baissent ! Enfin, certains du moins. © Aline Delvoye
Le Prix des pâtes Barilla a bien baissé : un rayon vide en est la preuve !
Le Prix des pâtes Barilla a bien baissé : un rayon vide en est la preuve ! © Aline Delvoye

Si l’inflation ralentit, les prix augmentent toujours

Une baisse de 15% du prix des spaghettis, ce n’est pas négligeable. Mais elle ne concerne qu’un type de pâtes et d’une seule marque. Et cela ne doit pas occulter le fait que cet aliment a vu son prix s’envoler depuis 15 mois. Nous parlions déjà d’une augmentation de 35% en septembre dernier.

Car malheureusement, même si elle a un peu freiné son envolée spectaculaire, l’inflation continue toujours de peser sur le portefeuille du consommateur. Ainsi, selon Statbel qui publie les chiffres mensuels basés sur "le panier du ménage", soit une liste de centaines de produits allant de la nourriture aux carburants en passant par les voyages ou l’énergie, l’inflation était de 16,64% en avril dernier. Ce qui veut dire que la moyenne des prix des produits de ce panier a augmenté de ce montant en un an. Bien entendu, comme ce n’est qu’une moyenne, certains produits ont fortement augmenté alors que d’autres ont diminué.

"La diminution du prix de 10 à 30% de certains produits, affective chez certaines enseignes, aura un impact positif à court terme", explique Pierre-Alexandre Billiet, le patron de Gondola, spécialiste du commerce de détail. "Mais cela ne contre pas l’inflation. Bien sûr, les diminutions touchent des produits alimentaires de base parmi les plus vendus. Mais chez Carrefour par exemple, cela concerne 100 produits sur 20 à 40.000 selon les magasins."

 

Plus cher qu’avant, et pourtant si bon marché !

L’autre bonne nouvelle que l’on peut ajouter à la baisse de prix de certains produits, c’est la tendance similaire concernant les prix alimentaires mondiaux. Une diminution de 20,5% en mars 2023. Cela est principalement dû à l’approvisionnement sécurisé et la hausse de production de céréales, de maïs ou de riz mais surtout des huiles végétales (- 47,7% en un an). Pourtant, dans l’absolu, cela reste élevé et d’autres aliments ont vu leurs prix toujours augmenter, comme le sucre, qui sert de base dans de nombreux produits transformés. De plus, entre une baisse mondiale et une répercussion en magasin, il faut du temps car les négociations entre fournisseurs et distributeurs se font épisodiquement.

Et pourtant, le plus surprenant, c’est qu’on ne paie toujours pas l’alimentation au juste prix. Selon Pierre-Alexandre Billiet, "l’alimentation reste relativement bon marché chez nous. Elle ne représente que 16% du pouvoir d’achat des ménages. C’est plus qu’il y a deux ans, où c’était 12%, mais on est bien loin des 60% du budget que les Belges consacraient à se nourrir en 1956. On a été habitué à payer de moins en moins et les promotions annoncées dans les folders n’aident pas à comprendre la réelle valeur des produits."

Comme on ne trouve déjà plus de voiture neuve à moins de 10.000 euros, il faudra sans doute s’habituer au paquet de spaghettis à 4 euros du kilo.

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