Bahar Kimyongür, poursuivi mais acquitté en Belgique pour appartenance à une organisation terroriste (le mouvement d'extrême gauche DHKP-C), a été arrêté le 21 novembre dernier en Italie sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par la Turquie. Le gouvernement turc le soupçonne d'activités terroristes.
Il est désormais assigné à résidence le temps que la justice italienne se prononce sur la demande d'extradition turque. Le procureur général doit rendre un avis d'ici le 31 mars, avant la reprise des débats judiciaires. "Je ne vois aucune raison qui pousserait l'Italie à accepter mon extradition en Turquie", a indiqué Bahar Kimyongür. "Mais il s'agit d'un problème politique. Si j'étais le dissident d'un régime considéré comme hostile en Europe, comme Cuba ou l'Iran, tout le monde serait scandalisé. La Belgique et l'Europe ne sont pas capables de me protéger alors que le régime turc bafoue la liberté d'expression."
Son avocat, Maître Christophe Marchand, a invité l'État belge à exercer une pression diplomatique sur le gouvernement turc pour qu'il retire le mandat d'arrêt et a souligné le blocage judiciaire du dossier. Son client a déjà été arrêté pour les mêmes raisons aux Pays-Bas et en Espagne avant d'être libéré.
Dan Van Raemdonck, le secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), a également partagé son étonnement alors que les pays de l'Union européenne répondent au mandat d'arrêt international de la Turquie malgré l'acquittement de Bahar Kimyongür. "Le régime turc essaye de museler la liberté d'expression de ses citoyens mais utilise aussi tous les artifices du droit international pour la limiter dans d'autres pays", a-t-il dénoncé.
Le sénateur Benoit Hellings (Ecolo), qui soutient l'activiste belge, a d'ailleurs rappelé que la Belgique avait signé un accord de coopération judiciaire et policière avec la Turquie en janvier 2013. Cet accord instaure une coopération pour rapatrier les jeunes combattants belges en Syrie qui passent par la Turquie mais également pour lutter contre le terrorisme. "Nous n'avons pas de preuve que l'arrestation de Bahar Kimyongür rentre dans le cadre de cet accord mais son approbation pose un problème général", a-t-il précisé.
Bahar Kimyongür a par ailleurs précisé qu'il avait eu des contacts avec la mère partie chercher son fils en Syrie mais refoulée à l'aéroport d'Istanbul. "J'essaye d'aider les familles dont les enfants sont partis combattre en Syrie en passant par la Turquie", a-t-il expliqué. "Au mois d'avril, j'avais proposé à cette mère de rencontrer des députés de l'opposition turque pour les inciter à intervenir au Parlement et à tenter d'influencer sur la politique du gouvernement."
Belga