Babetida Sadjo et "Odyssées D'architectures"

Le patrimoine architectural d’un pays est le miroir de sa société

Mathieu Jaumain, âgé de 28 ans est originaire d’Auderghem. Il a fait ses études secondaires au Lycée Emile Jacqmain et a obtenu un Master en architecture à l’ULB (faculté d’architecture La Cambre Horta). Pendant ses études, il a effectué un séjour de mobilité d’une année à la faculté d’architecture de l’Université de Buenos-Aires et deux stages de 6 mois à Copenhague et à Barcelone.

Après ses études, il a travaillé deux ans à Lausanne, avant de prendre une pause pour entreprendre un tour de l’Afrique à la découverte des architectures africaines. Il est passionné par les voyages depuis son enfance et a été influencé par son père, qui voyageait beaucoup à l’étranger dans le cadre de ses fonctions à l’université.

Mathieu Jaumain a développé un intérêt pour l’architecture lors de ses voyages et de ses études, en compagnie de sa compagne Agathe, également architecte et passionnée de voyages. Après avoir exploré de nombreux pays à travers le monde, ils se sont intéressés de plus en plus au continent africain et à sa multitude de formes architecturales. Ils ont commencé à dévorer des livres et des reportages pour en apprendre davantage sur les architectures africaines, qui sont souvent négligées par les voyageurs. Ils ont constaté que seuls un microcosme d’architectes et de chercheurs spécialisés œuvrent à faire connaître et rayonner ces constructions traditionnelles ou contemporaines, alors que les architectes africains ont beaucoup à nous apprendre sur le plan architectural.

Pendant cette période, ils se sont initiés à la mécanique, ont aménagé leur vieux Defender 4x4 et ont acquis du matériel semi-professionnel pour réaliser des reportages vidéo.

En raison de la pandémie de Covid-19, les deux années de préparation se sont transformées en trois, ce qui leur a permis d’économiser davantage et de mieux préparer leur voyage. Ils ont créé une chaîne YouTube pour documenter leurs visites et découvertes architecturales en Europe avant de partir pour l’Afrique. Ils ont choisi de baptiser leur vieux Defender "Azkarena" et ont intitulé leur projet et leur nouvelle chaîne YouTube "Odyssées d’architectures".

En septembre 2022, ils ont quitté la Belgique en direction du Maroc pour descendre vers l’Afrique du Sud par la côte Ouest et revenir ensuite par la côte Est jusqu’en Égypte. Ils avaient prévu 2 ans pour faire ce tour, mais après avoir parcouru le Maroc, la Mauritanie et maintenant le Sénégal, ils pensent que cela leur prendra probablement 3 ans pour terminer cette boucle.

Grâce à leur 4x4 aménagé et à leur tente sur le toit, Mathieu et Agathe peuvent découvrir et explorer de nouveaux endroits tout en établissant des liens authentiques avec les habitants locaux qui les accueillent généreusement et les invitent souvent chez eux pour le thé. 

Lorsqu’ils ont découvert l’Afrique, Mathieu et Agathe ont été séduits par la chaleur des habitants et le bouillonnement des villes. Ils ont été particulièrement impressionnés par la richesse et la diversité architecturale de chaque région, avec des constructions qui répondent avec ingéniosité aux contraintes climatiques locales.  Le ciment est de plus en plus présent en Afrique et est associé à la modernité, tandis que les matériaux localement disponibles sont souvent considérés comme archaïques. Ils soulignent également l’originalité et l’unicité de l’architecture africaine et l’importance de mieux la faire connaître.

Tout au long de leur périple Mathieu et Agathe ont rencontré des architectes et des constructeurs qui travaillent à la promotion d’une architecture africaine responsable et durable. Ils ont visité des bâtiments construits avec la technique "Voute nubienne", une ancienne technique de construction en terre qui a été redécouverte et simplifiée en 1998 par un maçon français et un fermier burkinabé. Cette technique peut être utilisée par n’importe quel villageois disposant d’une terre de bonne qualité, et on trouve aujourd’hui des bâtiments construits en voute nubienne dans plusieurs pays d’Afrique.

Retrouvez toutes les vidéos de Mathieu et Agathe sur Odyssées D’architectures | YouTube et sur ODYSSÉES D’ARCHITECTURES | Site Web

Tel était le sens de ma vocation adulte, je reprendrais en main mon enfance et j’en ferais un chef-d’œuvre sans faille.

Née en 1983 à Bafatá, en Guinée-Bissau, Babetida Sadjo n’était pas destinée à devenir comédienne. Elle a grandi dans une famille pauvre, où la place du cinéma et de la culture en général était quasiment inexistante dans son pays. Elle a rêvé de devenir médecin, avocate ou sage-femme, car elle voulait aider les plus faibles et réparer les injustices. Mais c’était presque impensable pour elle de vivre de ce métier, car elle venait d’une famille pauvre.

A 12 ans, elle veut revoir son papa parti plusieurs années auparavant. Elle chipe quelques sous dans le porte-monnaie familial et prend l’autobus qui cahote longtemps sur les pistes et dans la brousse pour le retrouver. De cette rencontre, elle fera plus tard un spectacle magnifique, "Les murs murmurent" qui évoque l’absence du père et le manque d’amour. Son Papa était un disciple d’Amilcar Cabral, leader marxiste de la Guinée-Bissau assassiné un an avant l’indépendance du pays.

Sa maman rencontre un coopérant belge d’Oxfam qui adopte la famille et les emmène au Vietnam, où l’appelle sa nouvelle mission.

Lorsqu’elle débarque à Hanoï, Babetida ne parle alors que le créole portugais. Inscrite dans une école francophone, elle s’acharne à apprendre le français, au point de vouloir monter sur les planches de la salle des fêtes pour réciter des textes théâtraux et littéraires dans des spectacles organisés avec d’autres enfants de coopérants. C’est là qu’elle découvre sa passion pour le théâtre et la littérature.

Quatre ans après son arrivée à Hanoï, Babetida a été contrainte de quitter le Viêt Nam pour la Belgique. Après des études au Conservatoire royal de Bruxelles, elle décroche l’Ensor de la meilleure actrice pour son rôle dans "Wasteland", de Pieter Van Hees. Elle se fait remarquer également dans des séries belges comme "Attraction" et "Into the Night" sur Netflix, ainsi que dans le court-métrage "Hématome", qu’elle a écrit et réalisé.

Malgré son succès en Belgique, Babetida reste attachée à ses racines guinéennes. Elle y retourne régulièrement pour travailler sur des projets artistiques, comme le documentaire "Batafà blues", sur sa ville natale, ou "L’initiatrice", qui traite de l’excision des jeunes filles. Elle s’engage également pour la cause des femmes et des enfants, notamment en participant à des événements de sensibilisation et de collecte de fonds.

Babetida Sadjo est une artiste complète, qui allie talent d’actrice et d’auteure. Elle a su transformer ses difficultés personnelles en source d’inspiration pour ses créations, en évoquant avec justesse et émotion des sujets universels comme l’amour, la famille et la quête d’identité. Sa carrière est une ode à la diversité culturelle et à la richesse des rencontres.

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