" Walden, dans les bois ", de H.D. Thoreau : la nature romantique mise à la sauce numérique.
Si vous aimez les jongleries savantes du numérique, la traduction " virtuelle " du roman culte du XIXè siècle américain, " Walden " de Thoreau ne manque pas d’allure. Et il donne envie de lire ce texte, en version française (ou bilingue) !
Le metteur en scène Jean-François Peyret, face à ce poème touffu et disparate, a choisi un fil conducteur qui entrait dans la logique de la " web artiste " Agnès de Cayeux : axer les quelques extraits de Walden sur le thème de la mémoire. Il travaille donc sur les cerveaux artificiels et humains avec ses comédiens, animaux de mémoire pour arriver à un double virtuel du théâtre.
Sur scène on voit des comédiens assis sur des chaises, parfois sur scène parfois derrière un pupitre technique. Ce qu’ils disent a peu d’importance face à l’omniprésence de l’écran hyperactif. La matière virtuelle de l’ordinateur travaille, avec un grand raffinement de couleurs, l’espace d’une prairie et d’un étang près de la cabane dans la nature où Thoreau a fui la ville et accouché de son poème mystique. Il faut donc aborder ce qu’on voit avec la curiosité pour un beau travail plus proche des arts plastiques que de l’art théâtral classique. Si vous admettez que les comédiens sont des instruments au service du web projet, tout comme le texte de Thoreau, qui défile en anglais et en français, à une vitesse telle qu’il est illisible, alors vous entrerez sans peine dans un " jeu ". Un " jeu " où la musique d’Alexandros Markeas, jouée " live " par son auteur, a aussi un rôle majeur dans la symphonie de couleurs , de mots et de sons qui est comme une rêverie technologique sur la rêverie romantique de Thoreau. Et qui donne envie de lire ou relire le précurseur de la " rêverie " écologique contemporaine sur la protection de la nature.
" Walden, dans les bois ", de H.D. Thoreau jusqu’au 11 juillet. Repris à Paris (Théâtre de la Colline, du 16 janvier au 15 février).
NB :1) le texte de Walden est disponible en édition bilingue chez Aubier (traduction de G. Landré-Augier) et française chez Gallimard (livre de poche, traduction Louis Fabulet).
2) l’Institut Numédiart de Mons a participé au projet. Un spectacle à importer en Belgique ?
Christian Jade (RTBF.be)