Dans ce roman, Amélie Nothomb évoque très pudiquement le viol qu’elle a subi, à 12 ans, au Bangladesh. Elle a développé ensuite différents types de traumatisme, dont l’anorexie ; elle écrit à ce sujet qu’elle a eu envie "de rejoindre la morte en moi".
C’est là qu’apparaît le terme de psychopompe, le guide des âmes, qui fait la transition entre la vie et la mort.
Dans la mythologie gréco-latine, "le psychopompe est celui qui peut accompagner les âmes des morts et traverser le fleuve des enfers dans les deux sens. Donc, c’est celui qui prouve que la frontière avec la mort n’est pas infranchissable. Cela m’a fascinée très tôt."
Petite, tout cela s’est passé dans son inconscient, explique-t-elle. "À l’époque, cet épisode a été frappé d’irréalité par l’absence totale de langage qui a été appliqué dessus. Vous comprenez bien que je n’en veux à personne, c’est comme ça que ça se passait à l’époque. Mais je remercie quand même profondément ma mère d’avoir prononcé ces deux mots ("pauvre petite"), qui m’ont garanti que je n’étais pas toute seule dans mon délire".
Par la suite, elle a réinterprété toute cette aventure de l’anorexie comme une expérience psychopompe.
Je me suis mise à mort et je me suis rattrapée de la mort au tout dernier instant. Tout ceci avait à voir avec l’oiseau.