Dès la première écoute, le virage plus pop/électro saute aux oreilles…
A.W. : "L’apport des synthés a été essentiel. On en avait marre de nos recettes à la guitare. A force, les mêmes réflexes reviennent sans cesse. Il fallait bousculer tout ça! Le synthé, c’est un peu un nouveau jouet, que je ne maitrise toujours pas très bien d’ailleurs, mais il permet de chipoter, de découvrir les sons autrement.
Depuis "Everest", on cherche aussi à mettre les voix plus en avant alors que par le passé, elles étaient plutôt noyées sous les effets. Les orchestrations sont aussi moins touffues. On a écouté beaucoup de hip-hop et d’électro, des trucs très directs. Le single "Walk" en est la meilleure illustration. Lio m’a dit un jour qu’il voulait relever le défi d’écrire un "tube radio", un truc qui reste dans les têtes. J’étais sceptique au début, puis j’ai totalement adhéré Cet album m’a aussi permis d’autres excentricités, comme une longue intro instrumentale en ouverture du disque sur "This light" ou un beat hip-hop sur "Blueshade". On a clairement pris les choses de manière plus ludique qu’avant."
Le morceau "Blueshade" part de cette fameuse photo du petit Aylan retrouvé mort sur une plage. Après quatre albums, vous sentez-vous plus légitime pour évoquer des sujets de société?
A.W. : "Sur les textes aussi, on s’est donné plus de liberté. Avant, on était dans la tradition introspective de ce qu’on écoutait quand on avait 16 ans, avec des textes très centrés sur soi, ses pensées, ses états d’âme. Ici, on a eu envie de parler du monde dans lequel on vit. En devenant père, on devient plus concerné par le monde. Cela change beaucoup la perspective mais on se disait toujours: "Qui sommes-nous pour faire une chanson sociale ou politique? En plus dans une langue qui n’est pas la nôtre… Et puis on s’est dit: "Merde! Si on ne peut plus faire ça…!" Mais on le fait d’une manière un peu planquée. La photo du petit Aylan a servi de point de départ, comme c’était déjà le cas pour "Switzerland" sur l’album précédent. L’important, c’est la musique qui en a découlé et l’émotion que l’on essaie de faire passer."
Comme à chaque fois, le nouveau terrain de jeu des Girls in Hawaii est un condensé d’émotions mais qui, cette fois-ci, s’offre la subtilité des chansons que l’on retient d’un coup d’oreille. Un coup de maître pour un des disques de l’année!
Entretien : François Colinet
Les dates de la tournée