Energie

"Avec les prix de l’énergie, on est face à une crise sociale majeure", estime Damien Ernst

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Par Hugues Angot

Gaz, pétrole ou encore électricité : Les prix deviennent complètement fous ! Face à cette crise de l’énergie, que peut-on faire ? Le gouvernement fédéral promet des mesures dès la semaine prochaine. En attendant, QR l’actu fait le point sur cette crise et les solutions à envisager avec Damien Ernst, professeur à l’ULiège, spécialiste en énergie et Etienne De Callatay, professeur d’économie à l’UNamur.

Une hausse inarrêtable ?

Les marchés du gaz, du pétrole et du charbon sont extrêmement tendus explique Damien Ernst : "Ces produits manquent par rapport à la demande et cette situation est plus tendue encore en Europe parce que nous importons beaucoup de Russie. Les traders incorporent un facteur de risque. Et les prix flambent totalement. Selon moi, cette crise va durer au minimum trois ans avec des prix qui vont sans doute doubler dans les mois qui viennent".

Etienne De Callatay confirme se déséquilibre entre la demande et l’offre : "Cette offre est basse parce que de nombreux acteurs de l’industrie fossile anticipent ce qu’il va se passer d’ici 10, 15, 20 ans avec une fiscalité qui les empêchera d’exploiter favorablement les énergies fossiles. Donc ils ne veulent pas investir dans la production des énergies fossiles parce qu’ils risquent de ne pas pouvoir amortir cet investissement".

Pourquoi un carburant si cher ?

Le prix du baril de pétrole avoisine les 135 dollars actuellement moins cher donc qu’en 2008 où le baril tournait autour des 150 dollars de 2008 explique Damien Ernst. La différence ce sont les accises et les taxes qui ont augmenté ces dernières années. "Le gouvernement peut agir pour soulager le portefeuille du citoyen d’autant que le baril va encore augmenter et passer à 150 voire 200 dollars le baril. Ça veut dire un litre de carburant à 2,5 voire 3 euros".

Vu ces hausses annoncées, pourquoi ne pas appliquer le système du cliquet inversé ou une baisse des taxes ? Pour Etienne De Callatay, il est important de préciser que l’état ne s’enrichit pas du fait de l’augmentation des prix de l’énergie. "Si les recettes de la TVA augmentent, il ne faut pas oublier que les prestations sociales payées par l’état sont aussi plus chères, il faut indexer le salaire des fonctionnaires. Bref, l’économie belge s’appauvrit avec cette énergie plus chère que nous importons. C’est une mauvaise nouvelle pour l’économie et pour l’état".

Selon l’économiste de l’UNamur, baisser les taxes pour tous n’est pas une bonne idée. On aide proportionnellement davantage les plus aisés avec une telle mesure parce qu’ils consomment plus. Pour lui, il vaut mieux mettre en place une mesure de revenu, de pouvoir d’achat.

Le Gaz explose

4000 à 5000 euros d’augmentation. Voilà à quoi sera confronté un ménage qui se chauffe au gaz. Pour Damien Ernst, on va asphyxier la classe moyenne qui ne parviendra pas à absorber de telles factures : "On est face à une crise sociale majeure"

Pour Etienne De Callatay, il faut nuancer la gravité de la situation puisqu’une large part de ces problèmes sera compensée par l’indexation des salaires ou des prestations sociales.

TVA à 6% ?

Pour Damien Ernst, il y a un risque qu’une part importante de la population se puisse plus payer ses factures d’énergie avec des faillites à craindre du côté des fournisseurs. "Pour moi et pour passer cette crise, je ferai passer les taxes à 0%"

Etienne De Callatay n’est pas convaincu que ce soit la meilleure d’intervenir pour l’état. "Est-ce qu’il serait normal de ne pas faire payer de taxes d’énergie alors que nous en payons pour des vêtements qui sont aussi des biens de premières nécessités".

Indexation des salaires reportée ?

Avec l’emballement, des prix, l’idée de reporter l’indexation des salaires est à jeter aux oubliettes explique Etienne De Callatay. "Les salariés et allocataires sociaux verront leurs salaires augmenter à la mesure de l’augmentation des prix de l’énergie à l’exception des carburants qui ne sont pas dans l’indice santé".

Damien Ernst ne partage ce point de vue. Il estime que les entreprises ne pourront pas assumer de telles hausses des prix de l’énergie et qu’il y a un risque massif de faillites.

 

 

 

 

 

 

 

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