Avec la "Carav’Ane végétale", Emilie et Réglisse transmettent les savoirs botaniques ancestraux de village en village

Ces dernières années, les équipes de l’Aquascope de Virelles se sont plongées dans un travail ethnobotanique intense afin de publier un ouvrage sur les plantes et leurs propriétés à travers les usages traditionnels et les récits qui s’y rapportent. Basé sur les nombreux témoignages de personnes âgées de la région, le livre ‘Cueillette buissonnière dans le bocage. Usages populaires des plantes sauvages en Thiérache – Pays de Chimay’ démontre que ces savoirs sont encore bien vivants dans les esprits mais Emilie Hennot, coordinatrice et animatrice du Centre ethnobotanique de l’Aquascope Virelles a voulu aller plus loin.

" On s’est dit ‘pourquoi pas aller à la rencontre des gens des villages où nous avions interviewé des anciens il y a une dizaine d’années et qui sont aujourd’hui décédés, afin de transmettre à cette génération tout ce que ces personnes nous avaient raconté à l’époque. Le but, c’est vraiment que les gens puissent se réapproprier ces savoirs et qu’ils ne tombent pas dans l’oubli. On voulait également proposer à ce public de changer de regard sur les mauvaises herbes : montrer que toutes ces plantes ont énormément de richesse, qu’il y a une très grande diversité et que c’est un monde vraiment à découvrir et à protéger ", explique Emilie Hennot.

Avec Odile Bayot, chargée de mission à la participation citoyenne et la sensibilisation au Parc national ESEM, Emilie a mis en place des journées " Carav’ânesque ". " C’est une petite itinérance de 10 jours où on circule de village en village avec notre carriole et Réglisse, notre ânesse ".

L’idée ?

Des rencontres conviviales sur la place de différents villages (Aublain, Frasnes, Mariembourg, Dourbes, Vierves-sur-Viroin, Olloy-Sur-Virioin, Petigny, Nismes et Couvin) où les habitants sont invités à découvrir le " labo’tanique " portatif et caresser Réglisse. Par la suite, Emilie invite les participants à se promener dans leur village pour identifier les plantes sauvages présentes et découvrir leurs usages locaux à travers les âges et les traditions.

" Des 130 personnes que l’on a rencontrées dans les différents villages il y a une dizaine d’années, on a récolté 960 usages de plantes qui concernaient + /- 160 plantes différentes. Ce qui est déjà assez énorme. Alors parfois c’étaient des savoirs qui venaient déjà de leurs parents, leurs grands-parents. Mais ce qui est intéressant à voir, c’est qu’à l’époque, les plantes faisaient vraiment partie de la vie quotidienne et sociale. Il y avait les cueillettes collectives par exemple, comme à Couvin. Les femmes prenaient le tram et allaient dans les bois cueillir des myrtilles. L’idée des balades, c’est vraiment de transmettre ces savoirs-là, pour qu’ils ne tombent pas dans l’oubli ", ajoute Emilie Hennot.

Une fois que la promenade a creusé l’appétit, Emilie et Réglisse s’arrêtent au centre du village pour prolonger les découvertes par de petites dégustations aux plantes sauvages. L’occasion aussi de partager les impressions de chacun.

Cet été, la " Carav’âne " a donc séduit des dizaines de villageois curieux, une chance que certains ont manquée mais Emilie les rassure. Elle reprendra son itinérance ces 3 prochaines années afin de partager toujours plus ses histoires et ses connaissances aux autres villes et villages du Parc de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Pour que ces plantes aux usages méconnus ne tombent jamais dans l’oubli.

Plus d’infos : https://parc-national-esem.be/caravane-vegetale/

Si vous souhaitez en savoir plus sur les formations sur les usages des plantes, l'Aquascope organise des Formations - Aquascope

Pour retrouver l'ouvrage : Cueillette buissonnière dans le bocage - Aquascope