Austin, Elvis est bien plus qu’un chanteur, il est vraiment un mythe, donc comment peut-on jouer un mythe, incarner un mythe ?
Austin Butler : C’est le gros défi du film, parce qu’il est tellement vénéré ! Cela se passe en deux temps, soit il est considéré comme un dieu, et quand je suis allé à Tupelo à l’endroit où il est né, l’homme qui est le commissaire du musée et qui fait les visites guidées m’a avoué que beaucoup de gens entrent dans la maison et embrassent le sol, c’est incroyable, cette vénération ! Ou bien on le retrouve dans les costumes d’Halloween, ou il est le personnage du type qui fait les mariages à Las Vegas, mais tout cela ne vous montre pas quelle était la personnalité d’Elvis. Et pour moi, c’était le travail gigantesque de retirer toutes ces images d’Elvis, et retrouver les clefs de son humanité. J’ai tout absorbé, j’ai lu toutes ses biographies, j’ai écouté toutes ses interviews, et j’ai regardé toutes ses prestations en scène… Et de là se dégagent différents avis, et différentes vérités. Donc, pour moi il s’agissait de trouver la vérité que je voulais croire de lui, sa sensibilité, sa vulnérabilité… C’était un homme très spirituel. Et il était constamment en recherche, et je me suis demandé quel est le but de cette quête, quel était ce vide dans son âme, … Et tout cela venait aussi sans doute du fait qu’il avait eu un jumeau à la naissance qui était décédé : le premier contact humain qu’il avait eu dans sa vie, dans le ventre de sa mère, était ce frère jumeau, et soudain, tout le reste de sa vie il va devoir le passer sans cette autre moitié de sa vie. D’où ce sentiment de devoir vivre la vie de deux personnes et le sentiment de culpabilité de celui qui a survécu. Puis la perte de sa mère à un très jeune âge, c’est encore autre chose : lui et sa mère, ils étaient selon un psychologue, mortellement fusionnels, et aux yeux de sa mère, il est apparu comme un miracle dès le jour de sa naissance, après le décès de son jumeau. Et très jeune, il est devenu l’homme de la maison, quand son père est allé en prison. Donc, dans toutes ces facettes, je me sentais comme un détective qui cherchait le pourquoi et la vérité d’Elvis. Tout cela, c’est très intellectuel, parce qu’après j’ai dû me connecter physiquement, et avec mon âme, mes propres expériences, pour me rapprocher aussi personnellement que possible du personnage…