Aung San Suu Kyi, condamnée lundi à 4 ans de détention, incarne le destin tumultueux de la Birmanie: icône de la démocratie, puis paria sur la scène internationale avec le drame des musulmans rohingyas, elle est redevenue une proie impuissante dans les griffes des généraux.
L'ex-dirigeante, renversée par un coup d'Etat en février, a passé près de 15 ans en résidence surveillée sous les précédentes dictatures militaires. Confinée dans sa maison au bord d'un lac à Rangoun, elle s'adressait alors à des centaines de partisans réunis de l'autre côté de la clôture de son jardin.
Aujourd'hui, sa situation est radicalement différente. Tenue au secret dans la capitale Naypyidaw, ses contacts avec l'extérieur se limitent à de brèves rencontres avec ses avocats. Beaucoup de ses proches ont été arrêtés ou sont en fuite.
Les généraux sont bien décidés à la faire définitivement taire. Elle est inculpée d'une multitude d'infractions (sédition, corruption, fraude électorale...) et risque des décennies de prison.
Je ne crois pas en l'espoir, je ne crois que dans le travail
"Je ne crois pas en l'espoir, je ne crois que dans le travail (...) L'espoir seul ne nous mène nulle part", confiait-elle à l'AFP en août 2015.
Quelques mois plus tard, son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), remportait un scrutin historique et Suu Kyi était propulsée à la tête de l'exécutif.
Une position qu'elle aurait dû conserver après le triomphe de la LND aux législatives de 2020, si les généraux n'en avaient pas décidé autrement.