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Auguste Rodin et la musique : sublimer les mouvements de la musique

© Culture Club / Getty Images

Par Axelle Thiry via

Auguste Rodin, célèbre sculpteur français, était un grand mélomane. Il disait :

Oui, pareille à un vin généreux, la musique donne l’inspiration et moi, nouveau Bacchus, je vendange ce vin dont l’humanité s’enivre.

Les mouvements de la musique

Parmi les compositeurs qu’Auguste Rodin admire figure Beethoven, il est sans doute son préféré.

Rodin s’intéresse beaucoup à l’utilisation que les musiciens font de leur corps, aux mouvements que la musique leur imprime, il dessine admirablement bien les mains des pianistes, en témoignent les croquis qui montrent son amie Hélène de Nostitz au piano.

Auguste Rodin n’était pas musicien mais il avait un piano chez lui et il aimait écouter de la musique. Il avait aussi un phonographe et les archives du musée Rodin ont conservé les factures de disques qu’il a achetés. On y trouve notamment des enregistrements de chants grégoriens.

Rodin avait aussi une profonde amitié avec la pianiste Wanda Landowska qui faisait alors redécouvrir le répertoire pour clavecin.

De manière générale, Auguste Rodin aimait faire venir à Meudon des musiciens, ce qui témoigne de "toutes les jouissances raffinées qui pouvaient augmenter sa fécondité d’artistes". Souvent, il demandait à de jeunes virtuoses de venir dans sa maison de Meudon, le matin, avant son lever, pour lui jouer de la musique. Et parmi les compositeurs qu’il aimait figurent notamment Bach, Gluck, Mozart. Le petit orchestre montait dans la chambre du maître, qui était encore couché, violon, basse, flûte, clarinette, groupés auprès de son lit. 

 

Georges Enesco - Suite pour piano No 2 Op. 10

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Séance de sculptures avec Gustav Mahler

Buste de Mahler

En 1909, Gustav Mahler fait un séjour à Paris, il fait la connaissance d'Auguste Rodin. Le sculpteur réalise plusieurs bustes de lui. Paul Clémenceau raconte comment se passaient les séances :

"Ils se sont longuement regardés et n'ont pas échangé un mot. Pourtant, ils se sont reconnus et compris. Mahler portait une veste noire et sous le bras, un feutre. Devant lui se tenait un grand vieillard avec une barbe blanche et flottante. Il portait une ample blouse de lin grise et il avait la tête couverte d'un gros béret de velours noir. Sans attendre qu'on le lui demande, Mahler s'est assis sur le tabouret. Aussitôt, Rodin a commencé à travailler. Pendant toute la séance, Mahler n'a pas bougé. Mais le plus intéressant était de voir ses yeux. Il observait fixement le maître et paraissait tout à fait familiarisé avec son travail. J'étais debout derrière Rodin et il me semblait que par les yeux de Mahler, l'âme de la musique inspirait les mains mobiles du sculpteur. Après cette première séance, Rodin en a fait une seconde. Et le buste définitif a été le résultat de ces deux épreuves."

Le baiser, Auguste Rodin
Le baiser, Auguste Rodin © Tous droits réservés

Rodin, Beethoven et Bruxelles

Auguste Rodin et la musique : sublimer les mouvements de la musique

Tout au long de sa vie, Rodin a écouté la musique de Beethoven. L’une de ses premières réalisations est un portrait en médaillon de Beethoven. Il lui a été commandé par le Conservatoire Royal de musique de Bruxelles. Auguste Rodin l’a achevé en 1874, on peut toujours l’admirer sur la façade du bâtiment.

"Il lisait beaucoup. On avait coutume de le voir dans les rues de Bruxelles toujours un livre à la main. Mais peut-être ce livre n’était-il souvent qu’un prétexte pour s’enfoncer en lui-même dans la tâche démesurée qui s’annonçait. Comme tous les hommes actifs, il éprouvait ce sentiment d’avoir un travail immense à accomplir, que cela le stimulait, que c’était quelque chose qui augmentait et rassemblait ses forces. Et même si en lui se manifestaient des doutes, des incertitudes, la grande impatience de l’œuvre en germination, la peur d’une mort précoce ou encore la menace du besoin quotidien, tout cela trouvait déjà en lui une résistance calme et droite une détermination, une force et une conscience. Tous les drapeaux, non encore déployés, d’une grande victoire."

Rainer Maria Rilke

Après avoir entendu une transcription pour piano de la deuxième symphonie de Beethoven, Rodin a dit :

Dieu qu’il a dû souffrir pour écrire cela. Et pourtant, c’est en l’entendant pour la première fois que j’ai vu l’éternel printemps, tel que je l’ai réalisé depuis.

Rodin admire Beethoven au plus haut point et tous deux trouvent une puissante source d’inspiration dans la nature : Rodin dans la contemplation du modèle, Beethoven pendant ses promenades en forêt.

Je ne corrige pas la nature, je m’incorpore en elle.

Auguste Rodin

Auguste Rodin a eu plusieurs pianos et notamment un Pleyel pour son atelier de la rue de l’Université. Le piano lui a été livré en 1909, mais il a été victime des inondations de Paris l’année suivante et finalement la maison Pleyel l’a détruit.

Une émission à écouter ci-dessous

Programmation musicale :

Ludwig van BEETHOVEN – Le deuxième mouvement du Concerto pour piano n°5 op 73 dit " L’Empereur". Leif Ove Andsnes&Mahler Chamber Orchestra Sony.

Wolfgang Amadeus MOZART – Le premier mouvement de la Sonate en ré majeur K 284. Maria Joao Pires. DG 435882.

Jean-Sébastien BACH – Les deux derniers mouvements du Concerto en ut mineur BWV 1060. Janine Jansen, Ramon Ortega Quero&Friends. DECCA 4786188.

Gustav MAHLER – Le solitaire en automne, extrait du Chant de la terre. Thomas Hampson&City of Birmingham Symphony Orchestra dir° Sir Simon Rattle. EMI 5007212.

Georges ENESCU – Extrait de la Sonate pour violon et piano op 6 n°2. Remus Azoitei&Edouard Stan. Hanssler 98239.

Ludwig van BEETHOVEN – Le deuxième mouvement de la Symphonie n°2 en ré majeur opus 36. L’Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Claudio Abbado. DG 423590-2.

Claude DEBUSSY – Prélude, Menuet et Clair de lune extraits de la Suite bergamasque. Roberto Cominati. DECCA 4818128.

Ernest CHAUSSON – Poème pour violon et orchestre op 25. Isabelle Faust&Deutches Symphonie-Orchester Berlin sous la direction de Marko Letonja. HM 901925.

Ludwig van BEETHOVEN – Cavatine du Quatuor n°13 en si bémol majeur. Tokyo String Quartet. HMU 807481.83.

Augusta HOLMÈS – L’éternelle idole. Aurélie Loilier&Qiaochu Li. Maguelone Music.

Frédérik DELIUS – Le troisième mouvement du Concerto pour violoncelle. Jacqueline Du Pré&Royal Philharmonic Orchestra sous la direction de Sir Malcolm Sargent. EMI 724356734.

Production et présentation : Axelle THIRY

Réalisation : Cyrielle COUR

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