Avec l’effondrement des cours du pétrole, Craig Blair a perdu une fortune. Pour limiter les dégâts, le producteur texan, basé près du gisement produisant le plus d’or noir au monde, a dû remiser une partie de son matériel et sabrer dans les salaires.
Installé depuis les années 1980 dans le Bassin permien, à cheval entre le Texas et le Nouveau-Mexique, le patron de l’entreprise de pétrole et de gaz Capitan Energy a vu sa production s’écrouler ces dernières semaines, passant de 15.000 à 6000 barils de pétrole par jour.
"Si vous étiez venus il y a six mois, il n’y aurait rien dans ce hangar", soupire l’Américain âgé de 63 ans depuis son bureau aux baies vitrées. Il pointe du doigt les machines de construction, générateurs et autre outils de travail guère utilisés depuis que les opérations sont presque à l’arrêt.
Ils sont pour le moment soigneusement alignés les uns à côté des autres dans la cour, protégés du soleil aveuglant et d’une omniprésente poussière beige.
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Cheveux argentés arrangés en queue-de-cheval, jean et chemise bleu marine confortable, Craig Blair a aménagé son terrain selon un principe d’autosuffisance. En plus des activités d’extraction et de production pétrolières, son domaine comprend un atelier de réparations mécaniques, et il allait bientôt y installer du bétail.
De grands projets en suspens depuis l’épidémie de Covid-19, qui a touché de plein fouet l’industrie pétrolière de la région. Le 20 avril, les cours du baril de pétrole américain sont même tombés sous la barre de zéro en raison de l’effondrement de la demande en énergie lié à la pandémie et de la saturation des stocks de produits pétroliers.
"J’ai perdu un demi-million de dollars ce jour-là", se souvient Craig Blair, qui a dû payer 37 dollars le baril pour se débarrasser de son pétrole, qu’il ne pouvait pas stocker indéfiniment.
Le patron gère Capitan avec son cousin Steve de manière indépendante, sans actionnaires.
Tout diviser par deux
"Le prix du pétrole a chuté de 50%, la seule manière de joindre les deux bouts est donc de tout diviser par deux", explique-t-il.