Luisa, qui dort paisiblement, est âgée d’à peine quatre semaines. Elle est née le jour où le cyclone Idai a frappé le Mozambique, dans la nuit du 14 mars. « Il pleuvait, le vent soufflait, j’avais de l’eau presque jusqu’aux genoux, raconte sa mère, les traits tirés, l’air épuisée. Les contractions qui avaient commencé la veille sont devenues de plus en plus fortes et j’ai pensé : 'Pas maintenant'. Le bébé est tombé dans l’eau, j’ai cru que nous allions mourir toutes les deux. Ma belle-mère l’a attrapée et elle s’est mise à pleurer ».
Luisa et sa famille ont survécu. Tous n’ont pas eu cette chance. Le cyclone, les crues, et les inondations qui ont suivi ont ravagé un vaste territoire au Mozambique, au Zimbabwe, au Malawi, et fait plus de 800 victimes dans les trois pays. Leur nombre réel ne sera certainement jamais connu.
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La famille de Luisa vient de regagner son village, dans le district de Nhamatanda, à une centaine de kilomètres de la ville portuaire de Beira, après avoir passé plusieurs semaines dans un camp, établi pour accueillir les sinistrés. Comme des milliers de Mozambicains, ils ont tout perdu. Leur maison, leurs champs ont été détruits. Alors que l’eau redescend, ils doivent reconstruire.
« Je n’ai presque rien pu récupérer, tout a été emporté ou abîmé. Des proches nous ont donné quelques vêtements, et un peu d’argent pour acheter du riz, confie José Tome, le père de la petite fille. L’administrateur du district est venu au camp et nous a dit de rentrer chez nous. On nous a promis qu’on recevrait de la nourriture bientôt. Mais je ne sais pas quand, je ne sais même pas si on nous a dit la vérité. »
« Ces gens ont presque tout perdu »
Le cyclone a touché plus de 1.500.000 personnes, 160.000 ont dû être déplacées vers des camps et des centres d’hébergement selon les chiffres de l’Institut national de gestion des catastrophes (INGC) du Mozambique. Les autorités veulent éviter que ces camps deviennent permanents, et encouragent ceux dont les terres ne sont plus inondées à rentrer chez eux.
« Nous sommes conscients que ces gens ont presque tout perdu et nous sommes en train d’identifier les meilleurs moyens de leur porter assistance afin qu’ils puissent reprendre une vie normale, dit Paulo Tomas, un porte-parole de l’INCG. Ils recevront notamment une aide alimentaire pour une période de 15 à 30 jours, et des outils pour les aider à reconstruire. »