Patrimoine

Au Kenya, les tongs sont transformées en objets d’art afin de limiter la pollution

Comme beaucoup d’autres déchets plastiques, les tongs polluent les océans et les plages de sable fin comme celles de Kilifi.

© Photographie Simon MAINA / AFP

Par AFP avec RTBF

Enchevêtrés dans les algues, enterrés dans le sable, projetés dans les rochers : les morceaux de tongs sont autant de verrues qui parsèment les plages du Kenya, charriées par les rivières ou par le ressac des vagues, depuis l’autre bout de la planète.

Ces sandales légères et bon marché sont plébiscitées à travers le monde mais polluent, comme beaucoup d’autres déchets plastiques, les océans et les plages de sable fin comme celles de Kilifi, sur la côte kényane baignée par l’océan Indien.

"Riches, pauvres, tout le monde en a une paire", note Lillian Mulup de l’entreprise kényane Ocean Sole, qui transforme tongs abandonnées et autres morceaux de plastique en sculptures colorées ou jouets pour enfants.

Le fléau croissant des déchets plastiques sera au cœur des négociations pour un traité international sur les plastiques, qui débuteront le 28 février lors d’un sommet des Nations unies dans la capitale kényane Nairobi.

"Chefs-d’œuvre"

Ce péril écologique est pleinement visible à Kilifi, où d’énormes quantités de tongs mais aussi de bouchons de bouteille, de brosses à dents ou d’emballages de bonbons sont régulièrement ramassées sur les plages kényanes par des volontaires.

Envoyées dans un atelier à Nairobi, les sandales y sont ensuite minutieusement nettoyées, puis collées pour constituer des plaques multicolores. Des dizaines d’artisans – souvent d’anciens menuisiers – les sculptent ensuite avec brio en divers objets, dont des animaux, petits ou grands, qui trouvent preneurs principalement à l’étranger.

Pour les plus grandes pièces, comme des éléphants ou des girafes d’environ deux mètres vendus plusieurs centaines de dollars, du polystyrène extrait de vieux réfrigérateurs est également utilisé.

"Nos chefs-d’œuvre peuvent nécessiter quelque 2000 tongs", affirme le directeur de la production, Jonathan Lenato.

Goutte dans l’océan

Les tongs ne proviennent pas uniquement des plages, mais aussi des rivières et des caniveaux des bidonvilles de Nairobi, l’une des capitales africaines les plus dynamiques et confrontée à un immense déficit de décharges.

"Nous recevons environ 1,2 tonne par semaine. Convertissez ça en mois, en année […] Ça fait beaucoup de tongs", explique M. Lenato.

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