Au cœur d’un bidonville de Nairobi, sur un terrain de football modeste niché derrière des baraquements de taule, les Black Stars de Kibera affrontent des joueurs de Mombasa. Pas de tribune pour les supporters, mais peu importe, ils sont venus en nombre soutenir leur équipe.
Vincent, la vingtaine, est un fan de la première heure : "Je suis venu voir les Black Stars. Je les suis depuis tout petit. Mon rêve serait d’intégrer leur équipe". Un peu plus loin, James revêt fièrement le maillot rouge et noir des Black Stars : "C’est l’équipe de ma communauté. Je viens aussi de Kibera. Ils ont un mental de gagnant. Avec eux, tout est possible. Cela nous donne de l’espoir".
Les Blacks Stars, c’est une success-story dans le monde du football kenyan. En trois ans à peine, l’équipe du plus grand bidonville du pays a quitté la division 2 et joue désormais au niveau national en Ligue 2.
Le sport, mais aussi l'éducation
À l’origine de cette ascension fulgurante, un Français, Luc Lagouche, instituteur à Nairobi et directeur sportif du club en dehors des heures de classe : "Depuis que je suis arrivé il y a 5 ans, l’objectif numéro un est de mener une équipe de Kibera en Ligue 1. J’ai aussi créé une académie, où sport et éducation se retrouvent dans un même endroit. Le foot est un milieu fragile. Donc nous leur proposons des formations professionnelles avec des cours d’anglais, de français notamment, mais aussi un suivi scolaire pour les plus jeunes". Dans son académie, Luc Lagouche accueille les jeunes du quartier dès l’âge de 6 ans.
Luc Lagouche mène le club vers la professionnalisation. Pas encore de salaire pour les joueurs, mais des primes en cas de victoire d’environ 20 euros. "Quand les joueurs rentrent à la maison, ils ont plein de problèmes. Grâce aux indemnités d’entraînement et aux primes de match, ils oublient leurs soucis, ils mangent bien, donc ils sont en forme, ils peuvent se soigner et, surtout, ils aident leur famille. Cela les motive."