L’histoire d’Attila Janos Ladinsky n’est pas banale et la Belgique occupe une place importante dans une vie qui est tout sauf un roman. Ladinsky commence sa carrière dans le club Hongrois de Tatabánya, à l’âge de dix-huit ans. "C'était une équipe de mineurs, dans un trou perdu. La seule chose qu'on pouvait y faire, c'était courir après les filles. J'étais assez fort dans ce domaine car je gagnais deux fois plus d'argent que les mineurs", confia-t-il récemment à Gilbert Van Binst lors d’un reportage pour Sport Foot Magazine.
Attila fuit le communisme de son pays en s’échappant d’un hôtel à Liège, où les Espoirs hongrois affrontent la Belgique. Activement recherché par les services secrets hongrois, il se réfugie chez un ami à Bruxelles.
Il patiente six mois avant d’obtenir une licence de l’UEFA et débarque à Rotterdam. Jusque-là aligné sur le flanc gauche de l’attaque, c’est l’entraîneur Ernst Happel qui fait de lui, à Feyenoord, un redoutable numéro neuf. Les performances de Ladinszky attirent l’attention de Constant Vanden Stock et l’attaquant hongrois débarque au Sporting d’Anderlecht en mai 1973 pour y remplacer Jan Mulder.
Il effectue des débuts tonitruants chez les mauves. Son premier match ? La finale de la Coupe de Belgique 1973 contre le Standard au Heysel. Ladinszky inscrit les deux buts de la victoire : une reprise de la tête sur un centre de Robby Rensenbrink et un lob astucieux qui surprend Christian Piot. La saison suivante, il est champion et termine meilleur buteur de la compétition avec 22 buts. Les supporters anderlechtois sont fous du Gitan, et partout les gens chantent "Un, deux, trois… Attila est là".
"A force de faire le con, j’ai gâché ma vie"
Mais Ladinszky aime trop la vie nocturne, les boîtes de nuit, les filles, l’alcool et la cigarette. Les tensions avec son entraîneur, Urbain Braems, sont de plus en plus vives. A un point tel que Braems ne sélectionne pas le Hongrois pour le match décisif pour le titre, à Beveren. Attila n’est même pas sur le banc. Ce qui n’empêche pas Ladinszky de fêter dignement (?) le titre. Voici ce qu’il confiera à Van Binst dans Sport Foot Magazine. "J'ai embouti une autre voiture à 150 km/h et je suis passé à travers le pare-brise. L’autre conducteur n'avait rien de grave, juste un bras et quelques côte cassées. Le médecin urgentiste a interdit à la police de me faire une prise de sang car mes jours étaient en danger. La victime, un supporter d'Anderlecht (!), a retiré sa plainte. Et enfin, ma copine, Chantal, n'était pas dans la voiture, sans quoi elle aurait vraisemblablement été tuée. Ce jour-là, Dieu a veillé sur moi. Mon visage était sérieusement amoché. Quand je suis revenu dans le vestiaire, certains joueurs ont pensé qu'on avait transféré quelqu'un d'autre à ma place, ils ne m'avaient pas reconnu."
Entre 1973 et 1975, Ladinszky a inscrit 36 buts en 67 matches officiels avec Anderlecht qu’il quitte pour Séville où il offre au Real Betis sa toute première victoire en 50 ans (0-1) au Real Madrid. Attila est aussi l’auteur d’un hat-trick, dans le derby contre le FC Séville, ce qu’aucun joueur n’avait réussi dans l’histoire du club. Lorsque le Betis descend en D2, il revient en Belgique. Au moment de signer avec le RWDM, Georges Heylens, alors coach de Courtrai le fait changer d’avis. Mais Heylens est viré après 15 journées… Ladinszky jouera encore pour l'US Valenciennes, le FC Toulouse et le FC Amarente, en deuxième division portugaise.
Après sa carrière, Attila Ladinszky ouvre un café à Séville et revient ensuite en Belgique où il exploite un restaurant place Fernand Cocq, près de la place Flagey à Bruxelles, "La Maison de Hongrie, chez Attila". À la fin des années 1990, il rentre définitivement chez lui en Hongrie.