Le Comité R, qui contrôle les services de renseignements et de sécurité au nom du parlement et du gouvernement, ouvre une enquête sur la Sûreté de l'Etat et les services de renseignements militaires à propos du lien belge avec les attentats de Paris, selon les informations du magazine flamand MO*.
"Nous allons rapidement commencer notre enquête sur les deux services de renseignements belges", à savoir la Sûreté de l'Etat et le service général du renseignement et de la sécurité, a indiqué le Comité R au magazine. Sans pouvoir s'exprimer sur les questions qui vont être soulevées, le Comité permanent veut chercher à comprendre comment ces organes ont fonctionné ces derniers mois.
"Il semble que les terroristes échappent au radar des renseignements et de la police"
Le député écologiste Stefaan Van Hecke (Groen) demande également une enquête du Comité R mais aussi du Comité P, qui contrôle les services de police. "Il semble que les terroristes échappent au radar des renseignements et de la police. La question est de savoir ce que nous pouvons faire de plus maintenant".
Il déplore que trop d'interrogations découlent du fait que certaines personnes impliquées dans les attentats de Paris opéraient depuis Bruxelles. Chaque comité devrait donc déterminer quelles étaient les informations des différents services, et si elles ont été échangées tant en interne qu'avec l'étranger.
Laissons les services de sécurité travailler avant de les évaluer
Pour sa part, le ministre de la Justice, Koen Geens, s'est dit ouvert à une enquête sur le fonctionnement des services de sécurité belges, mais souhaite d'abord les laisser travailler en toute sérénité.
Plusieurs résidents belges ont pris part aux attaques perpétrées vendredi dernier à Paris, ce qui a fait dire lundi au président français que ces attentats avaient été planifiés en Syrie et organisés en Belgique
Interrogé sur le plateau de la VRT lundi soir, M. Geens a indiqué que cette affirmation devait encore être prouvée, même si elle était plausible. "Je pense que si Bruxelles devait être attaquée, les assaillants chercheraient également vite à passer la frontière d'un autre pays", a-t-il commenté. "Il est normal qu'on cherche un pays voisin".
Pour M. Geens, les événements tragiques de Paris démontrent la nécessité d'une plus grande coopération entre services de sécurité européens. "Je suis un de ceux qui l'ont demandée depuis janvier (après les attaques de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, ndlr). Je ne serais pas d'accord si les Européens devaient à présent dire: +Ce sont les services de sécurité belges qui ont failli+, si cela n'était pas vrai. Et je n'ose pas encore me prononcer là-dessus. Mais j'ai le sentiement qu'aucun service de sécurité, pas même l'américain, savait que (ces attaques) allaient arriver".
Pour le ministre de la Justice, il est trop tôt pour chercher des coupables. "Laissons s'il vous plaît les services judiciaires travailler en toute tranquillité". S'il devait apparaître par après que les services de renseignement n'ont pas agi de manière correcte, il faudra alors déterminer si c'est en raison d'un sous-effectif ou d'une autre raison, a-t-il plaidé.
Concernant la situation spécifique de Molenbeek, M. Geens a indiqué s'être entretenu lundi avec la bourgmestre Françoise Schepmans et le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort. "Nous faisons tout ce qui est possible pour améliorer en ce moment ce qui peut l'être", a-t-il assuré, citant en exemple la vérification des déclarations de domicile car "il y a trop d'étrangers inconnus sur le sol bruxellois", a-t-il conclu.